Perdue, ou comment loupé son retour (libre)

Valises à la main, Mikuru avançait au hasard dans ces interminables couloirs. L’ironie semblait l’avoir choisie pour cible, elle qui enseignait ici depuis 2 ans déjà c’était bêtement perdu, à croire que son accident lui avait hotté tout sens de l’orientation. Les interminables journées passées chez elle à se rétablir n’était sûrement pas plus étrangère à cet étrange égarement que l’accident qui l’avait poussé à s’absenter si longuement.

C’était si rageant. Elle, une femelle loup-garou de rang élevé, était perdue dans le lieu où elle enseignait depuis un moment déjà. Retournant rageusement le plan qu’elle avait en main, elle jeta de bref regard circulaire dans le but de trouver quelqu’un. Son pouvoir d’empathie lui indiquait un flot d’émotions qui se déplacer à quelques couloirs de là. Restait à en trouver le ou la propriétaire.

Changeant de direction pour trouver cette personne, de plus en plus de détails lui parvenaient sur ces émotions qui émanaient de l’autre. Il était instinctif pour elle de déchiffrer sans cesse ce que ses pouvoirs percevaient, c’était comme l’instinct de survie : on ne pouvait aller contre. Encore un détour de couloir et elle y était. A quelques mètres d’elle se tenait désormais quelqu’un, avec peut-être une chance d’être réorienté correctement.

Mikuru n’eut aucun mal à « lire » la jeune fille qui se tenait devant elle, même si elle n’avait que les grandes lignes, la situation ne lui échappait guère. Le rythme cardiaque élevé, la coiffure involontairement un peu négligé, l’heure, la politesse et le pas quelque peu précipité indiquait clairement que la demoiselle avait loupé son réveil.

La professeure décida d’adopter une attitude indulgente envers la jeune fille, comprenant le coté involontaire des « infractions ». Après tout, qui pouvait se vanter de n’avoir jamais eu de panne d’oreiller ou autre bévue ? Au style de celle qui se tenait devant elle, il aurait été difficile de croire qu’elle agissait par pur amusement quand à enfreindre les règles de l’académie.

Voyant la demoiselle tourner les talons, Miku’ décida de prendre les devants, étant encore incapable de s’y retrouver seule. Il lui fallait rejoindre la salle des professeurs mais, n’étant momentanément plus capable de la retrouver, il lui fallait bien un « guide » pour y arriver. Vu la situation, chacune pourrait aider l’autre à sa façon.

-Attends, la retint-elle. Pardonne-moi de te retenir ainsi mais je me suis malencontreusement égaré en cherchant la salle des professeurs, pourrait-tu m’aider à y aller ?

Plongeant son regard noisette dans celui de la jeune fille, elle lui sourit gentiment, voulant lui montrer qu’elle ne voulait pas lui apporter d’ennui.

-Je rentre de congé maladie et suis encore pas mal déboussolé, je crois que mes collègues ne pourront guère te blâmer si je leur dit que ton retard est dû au fait que tu m’as aidé. Une fois arrivé à la salle je te ferais un justificatif pour que tu puisses rentrer en classe sans soucis.

Un coup de main contre un justificatif excluant toute punition pour retard, c’était plutôt équitable, et puis ça lui permettrait de connaitre un peu d’éventuels élèves qu’elle aurait en cours.