[center]La fin de journée. J'avais arpenté les rues de la ville, sans aucuns buts. Enfin si, peut-être celui de prendre l'air. Les murs gris, et les quartiers animés, voilà ce que j'avais retenu de ma petite virée dans le centre ville. Un quartier animé. Des gens, plus ou moins fortunés, se pavanaient avec leurs vêtements de marque. Ridicules. Voilà comment je les percevais. J'étais bien contente de ne pas être comme eux, ce genre de personne me donnait la nausée. Le même genre d'incapables qui, comme des films à l'eau de rose, ne savait pas s'ils aimaient ou s'ils n'aimaient pas. Des bons à rien parmi tant d'autres. Inconsciemment, je finis par me rendre jusqu'aux terrains vagues. Il y avait pas mal de squatte, d'après ce qu'on m'avait dit, mais rien de bien dangereux. Et puis après tout, il y avait peu de choses qui me paraissaient dangereuses. J'analysais les alentours. Des vieux pneus crevés, des planches mal découpées, et des mauvaises herbes un peu partout. Un bref récapitulatif de ces lieux peu fréquentés par les humains. Je marchais d'un pas lent, sans rien dire, passant de ruelles en ruelles, croisant d'autres humains, ordinaires. Jusqu'à ce que j'arrive aux pieds d'une vielle bâtisse qui tombait à moitié en ruine. Il y avait des dalles de béton, à moitié terminées, trois grandes grues, d'à peu près 30 mètres de haut, et de grandes barres de métal. Ils n'avaient pas encore terminé la construction de l'édifice, qui pour le moment, semblait dénué de toute vie, et dont la couleur grisâtre la dominait entièrement. Le gris. Une couleur bien triste, une couleur qui reflétait mon humeur actuelle. Je pensais à Clyde. Il n'aimait pas cette couleur. Pourtant, je l'assimilais à cette dernière. Avant, je le comparais à la couleur des ténèbres, le noir. Car il était calme et impassible. Mais à présent, c'était le gris qui lui allait le mieux. Il s'était perdu . . . Et je l'avais perdu.
L'atmosphère se réchauffait, et le ciel se couvrait. Il allait bientôt pleuvoir, ou du moins, il y aurait un orage. peut-être sans pluie, mais il y aurait un orage. Je restais face à l'édifice, un édifice qui me rappelait ma relation avec Clyde, une relation non terminée, et qui fut détruite. j'avais perdu mon ami, mon pilier, mais je continuais de me battre. Pour moi, pour mon frère, pour le reste de ma famille. J'avais envie qu'il pleuve. Juste pour voir tous ces bons à rien se réfugier, se mettre à l'abri, redoutant l'eau qui devait tomber du ciel. Un petit rafraichissement me ferait du bien. Juste pour oublier. L'oubli. Oui, oublier que j'étais loin de ma famille. Oublier tous les conflits. Les tensions qui dormaient, mais étaient belles et bien présentes. Oublier mes problèmes. Mon colocataire. Et Saaya. N'avoir qu'en tête cette certitude. J'étais vivante. Ma musique. Mon art. Ma famille était proche de moi. Ma basse. L'essentiel. Ce qui me permettait de continuer. Ce qui ne me faisait pas vaciller comme une brindille. Ce qui me rendait plus forte. Et pour finir, ce qui me poussait à l'admirer. Eris. Toi qui a vécu plus de choses que moi, qui a dû verser tant de larmes. A chaque fois que je la vois, elle a l'air plus forte, plus puissante, plus sure d'elle. Je voulais l'aider. Tout comme elle voulait le faire. Retrouver Clyde, et nous faire face, voilà ce qu'elle souhaitait. Que nous puissions enfin, enterrer nos querelles. Que la trahison soit enfin terminée. Que je libère mon meilleur ami. Je savais ce qu'elle voulait faire pour m'aider. Mais en revanche, j'ignorais ce que je pouvais faire pour elle. Elle n'avait l'air de manquer de rien. Elle était libre.
L'orage gronda. Il se rapprochait. Mes prunelles couleur sang fixaient, impassibles, le bâtiment. C'était une belle journée pour moi. Personne ne venait me déranger. Je pouvais apprécier le réchauffement de l'air. Quelques gouttes de pluie. L'une d'elle tomba sur ma joue, et la dévala. Je ne bougeais pas. Je n'avais aucunes raisons de partir. Je profitais simplement du fait, que quelque part, Clyde était lui aussi sous la pluie. Il pensait. Peut-être à moi. Surement à ses plans concernant les Ombres. A coup sur à sa famille. Et certainement aux ordres qu'il allait donner à ses serviteurs. Malgré la distance, nous étions toujours unis. Bien que nos sentiments, l'un envers l'autre, étaient devenus différents, cela ne changeait rien. Nous occupions toujours une certaine place dans le coeur de l'autre. La pluie se mit à tomber, drue. Mouillant mes vêtements. La fraicheur. C'était agréable.[/right]