[Terminé] Chambre N°21 [Whirl / Lucio-Maël]

Helfdane arriva devant la porte de la chambre n°21. Il fixa le sol un moment et ne put s'empêcher de soupirer. Personne ne sait qui nous sommes de toute façon. Il ouvra la porte et découvrit la pièce. L'idée de partager sa chambre avec quelqu'un ne lui plaisait guère. Et si quelqu'un l'apprenait ... ? On ne peut plus se cacher... .

-Toi et moi, on le sait ... Nous savons ce que nous avons fait ...

Il claqua la porte et s'assit sur un des lits puis déposa son sac et sa guitare au sol. Quelques minutes passèrent, il regardait le mur en face puis ses yeux virèrent au rouge, il eut des convulsions.

-Ils t’ont chassé, tu dois récupérer ce qui t'appartient !

Ses yeux redevenaient noirs :

-Je ne peux pas ! L'Enfer c'est le passé !
-Tu ne connais pas l'Enfer !
-Sors de ma tête ! Je ne peux plus supporter ...

Il poussa un cri incontrôlé qui fit trembler les murs.

- Tu es ridicule ! A quoi ça sert d'avoir dix tonnes de muscles commandés par un cerveau de la taille d'une noix !?

Sa main droite trembla, et il se frappa lui-même.

-Retournes dans la grotte ! Prépare l’incantation, il faut nous trouver des alliés, rapidement ! Séduis les. Nous aurons besoin de force si nous voulons nous venger de nos maîtres...
-Le mépris efface l'injure plus vite que la vengeance !
-Silence ! C'est la goutte d'eau qui met le feu aux poutres ! Je t'ordonne de poursuivre ce que tu as commencé ! Si nous ne pouvons pas régner sous terre... Ce sera sur terre...

Notre colocataire nous aidera ... Nous le soumettrons à notre volonté.

Il s'allongea sur le lit et ferma les yeux. Rêvassant à la destruction totale du monde, levant une armée pour attaquer l'Enfer. Il savait pourtant que tout cela n'était que fantaisie, mais il pourrait tout de même essayer de venir à bout de ce pensionnat. Tâche difficile, mais sûrement que d'autres démons, ou anges déchus voudront se joindre à sa cause.

Il nous faudra du sang... Beaucoup de sang ... Le sang, c'est notre arme la plus précieuse...

-Loin de moi l'idée de t'interrompre, mais quelqu'un approche, tu le sens ?

Ce n'est pas humain ... Merveilleux ... Potentiellement un sang noir .

Il se mit à ricaner, alors que la porte s'ouvrait...

La fin de l'été. Lucio-Maël avait quitté sa mère le mois précédent pour rejoindre l'Irlande et son père. Ces deux mois étaient passés avec une rapidité impressionnante. Il retournait au pensionnat avec un goût amer. Après quelques formalités administrative, il se dirigea vers la chambre qu'il occuperait pour l'année. Les couloirs lui étaient désormais familier, et il avançait sans hésiter, seulement freiné par son imposante valise. Sur son dos, sa guitare sèche, élément indispensable à sa survie dans l'établissement jusqu'aux vacances de la Toussaint, où il retrouverait les autres chez son père ou sa mère.

En chemin, le blondinet se mit à siffloter un air. Il croisa quelques visages connus, mais ne s'arrêta pas, pressé de se débarrasser de son chargement. Il jeta un énième regard à la clé dans sa main. Chambre 21. La dame de l'accueil lui avait donné le nom de son colocataire, et il l'avait instantanément oublié.
Comment était-ce ? H-quelque chose ?

Il finit par arriver au bout de son périple dans les couloirs. La chambre 21 était sous ses yeux.
Alors voilà ta maison pour un an mon vieux, s'encouragea-t-il mentalement.
Maël ne laissait rien paraître, mais il était un peu inquiet de qui partagerait sa chambre toute l'année. Son camarade de l'année passée n'avait pas été une gène, car il dormait toujours très profondément, ce qui lui laissait le loisir de filer en douce pour ses missions nocturnes.
Pitié, qu'il ne soit pas encore là.

En même temps qu'il priait en silence, il poussa la porte. Merde
Il poussa d'abord son énorme valise, puis entra, tachant de ne pas éclater la guitare contre un mur. Le garçon était déjà là. Il ricanait.

- Bonjour ! lança-t-il avec un grand sourire. Alors comme ça, nous partageons la même cellule ..!

Cellule, le terme était plutôt bon. Il y avait deux lits côte à côte, pas encore fait. Les draps étaient posés, soigneusement pliés sur chacun d'entre eux. Il y avait deux petits placards dans un coin, une petite table sous une fenêtre et un lavabo dans un des coins. La chambre était très petite et encore pauvrement décorée. Cela s'améliorerait probablement un peu au bout de quelques temps, avec un ou deux poster. Encore faudrait il s'entendre sur ceux-ci.

Luma détailla le garçon qui se tenait face à lui. De longs cheveux bruns qui tombaient sur ses épaules, des yeux noirs qui trouaient son visage. Il avait une cicatrice sur l'œil droit, de l'arcade sourcilière à la joue. Il semblait plutôt massif, en tout cas plus que Lucio. Il portait un sweat, chose étonnante en vu des températures encore douce.

Il posa son instrument sur le lit laissé libre et poussa la valise dessous. Ne voulant pas laisser un silence de plomb s'installer, Lucio décida de lier connaissance rapidement avec son co-détenu.

- Euh ... Je m'appelle Lucio-Maël. Toi c'est ..?

Dans un geste réflexe, il passa la main dans ses cheveux presque blancs. Il dirigea ses grands yeux verts sur le jeune homme et lui sourit du coin des lèvres.

Le coeur de Weath s'emballait, il était pressé de voir quelle monstruosité entrerait pour partager sa chambre. Un vampire peut être ? Pourquoi pas ? Un loup-garou ? Ce serait bien...
Quand il vit le jeune homme entrer dans la pièce, Helfdane resta immobile, le fixant, les yeux écarquillés. Il voulait hurler de rage, mais aucun son ne sorti.

- Bonjour ! Alors comme ça, nous partageons la même cellule ..!

Le visage de Whirlwind restait figé une seconde.

- Euh ... Je m'appelle Lucio-Maël. Toi c'est ..?

Réveille toi, imbécile !

Il réagit presque brusquement, se levant, faisant un sourire accueillant à ce nouveau venu.
Il lui serra la main, contrôlant sa force puis disant lentement, avec une voix profonde :

- On s'... m'appelle. Son sourire disparu, l'instant d'une seconde puis revint ... Oui. Je m'appelle Helfdane, et c'est ma première année ici. Et je t'avouerai... Je n'aime pas me sentir seul.... Imbécile ... j'aimerai me faire des amis... Nous pourrions commencer par là... Qu'en dis-tu ? Je vois que tu joues de la guitare. Moi aussi...

Weath essayait de gagner du temps, sa voix tremblotait. Se sachant instable, il préférait laisser parler Lucio.

La réponse à la question de Lucio-Maël se fit attendre. Le jeune homme brun -qui n'était d'ailleurs pas trop désagréable à regarder- le fixa de ses yeux noir pendant un instant. Puis d'un coup, il fut debout, un grand sourire aux lèvres. Le blond eu un léger mouvement de recul, surpris. Le garçon lui serra la main tout en disant :

- On s'... m'appelle. Il arrêta de sourire un court instant avant de se reprendre. Oui. Je m'appelle Helfdane, et c'est ma première année ici.

Helfdane. Maël essaya de retenir ce nom. Ainsi donc, il était nouveau. Normal qu'il ne l'ai pas croisé plus tôt. Il semblait avoir à peu près le même âge que lui.

- Et je t'avouerai... Je n'aime pas me sentir seul ... J'aimerais me faire des amis ... Nous pourrions commencer par là ... Qu'en dis-tu ? Je vois que tu joues de la guitare. Moi aussi ...

Lucio avisa ladite guitare posée sagement au sol contre le lit de Helfdane. Un grand sourire illumina son visage. Déjà un point en commun. Il était ravi.

- Oh ! Oui, effectivement. Je ne vis pas sans. Tu as commencé depuis longtemps ?

Il se sentait à l'aise. Il aurait plus tard tout le loisir de songer à un moyen d'être dehors sans que Helf' s'en rende compte. Quit à lui administrer quelques somnifère à son insue. Tranquillement, il changea son instrument de place et entreprit, non sans difficulté, de faire son lit ...

Helfdane contemplait le garçon, il pensait se retrouver avec un dur à cuire. La petite carrure de Lucio-Maël le faisait rire intérieurement. Ça mon gros, c'est pas un démon, il est trop "beau" . Il paraissait trop mignon à Weath. Il faut que nous en apprenions plus sur lui, ma sardine.

-Oh ! Oui, effectivement. Je ne vis pas sans. Tu as commencé depuis longtemps ?

Whirlwind s'efforçait de sourire. Soudain, son œil gauche cligna tout seul, et il se mit à parler très rapidement :

-Ça fait environ quatre-vingt...
-Centimes !

Il faisait toujours ce grand sourire à Lucio. Puis, après un moment d'hésitation, sorti un médiator noir, avec un W gravé dessus, de sa poche.

-... Ce ... Mediator... Je l'ai depuis que j'ai commencé à jouer... Ça fait... onze ans
-C'est ça !
-Oui, c'est ça, onze ans

Abruti ! Tu vas tout gâcher ! Regarde moi cet idiot, il ne se doute de rien !

Whirlwind fit une tête de désabusé et se retourna vers son lit. Lucio ne pouvait pas le voir, mais ses yeux avaient changé de couleur. Il dit doucement :

-Et alors ... Pourquoi est tu venu ici ? Cet endroit à l'air, ma foi, bien ennuyeux

Il était une fois... une fin... Tais toi, tais toi, sale mangeur de chouquette ! Étrangles toi avec ma main, radasse ! Je prendrais bien un petit sandwich avec une tranche de poudre d'escampette...

Une fois son lit fait, Lucio-Maël retira ses grosses chaussures de skater et se laissa tomber sur le lit.

-Ça fait environ quatre-vingt... centimes ! dit précipitament Helfdane.

Lucio était quelque peu interloqué par cette réponse. De plus, son tout nouveau camarade semblait agité de tics nerveux, bien qu'il affiche un sourire. Un grand timide, peut être ? En tout cas, sa phrase n'avait décidément pas de sens, mais le blond n'eut pas le temps de répliquer. Déjà, le brun sortait de sa poche un médiator noir gravé d'un W, et précisait :

- ... Ce ... Mediator... Je l'ai depuis que j'ai commencé à jouer... Ça fait... onze ans ... C'est ça ! ... Oui, c'est ça, onze ans.

Pendant une seconde, le garçon se demanda si il n'était pas tombé sur un beg. Il lui offrit un sourire d'encouragement. Lucio semblait un peu stupide comme ça, bien qu'il ne le soit pas le moins du monde.

- Ah, super. Bon niveau je suppose, commenta-t-il inutilement.

Helf retourna vers son lit avec une mine désabusée. Un silence s'installa quelques secondes. Lucio voulu embrayer sur un sujet quelquonque, mais, contre toute attente, c'est son camarade qui relança la conversation.

- Et alors ... Pourquoi est tu venu ici ? Cet endroit à l'air, ma foi, bien ennuyeux.

Touché, songea le jeune garçon. Quelques images de ses parents, détruits et déchirés par une trop grande peine, passèrent devant ses yeux. Les grands yeux verts quittèrent Helfdane pour se fixer au plafond. Maël conserva un petit sourire, mais la lueur triste dans son regard s'accentua, fatalement. Ne pouvant pas laisser trop longtemps la question en suspend, il décida de répondre rapidement, espérant vite passer à autre chose.

- Oh ... C'était plus simple comme ça. Mes parents sont séparés depuis longtemps. Ils sont retournés vivre chacun près de leur famille, mon père en Irlande et ma mère en Allemagne. Alors, c'était plus évident que je vienne ici, plutôt que de faire des aller retour. Et puis, ce n'est pas vraiment chez moi, je suis né en Belgique.

Précision inutile. Totalement. Tu fermerais pas un peu ta gueule des fois ? se repprocha-t-il interieurement. On pouvait l'entendre à son léger accent. En tout cas, c'est ce qu'on lui avait toujours dit durant le temps qu'il avait passé en France. Et au pensionnat aussi, d'ailleurs. La plupart des élèves étaient français, de toute façon.

- Enfin, ce n'est pas si terrible. Y'a du monde sympa par ici. C'est pas pire qu'un autre lycée.

Le blond continuait à fixer le plafond en souriant bêtement. Ses mains jouaient nerveusement avec un cordon de son sweat. Il tenta de chasser la tristesse qui l'envahissait.

- Oh ... C'était plus simple comme ça.

Tu m'étonnes ...

Mes parents sont séparés depuis longtemps. Ils sont retournés vivre chacun près de leur famille, mon père en Irlande et ma mère en Allemagne.

Il ne manque plus que la musique douce, et je vais pleurer !

Alors, c'était plus évident que je vienne ici, plutôt que de faire des aller retour. Et puis, ce n'est pas vraiment chez moi, je suis né en Belgique.

Helfdane ferma les yeux, ennuyé.

Mon canard en sucre, comment dit-on déjà ? On s'en tamponne le string ?

- Enfin, ce n'est pas si terrible. Y'a du monde sympa par ici. C'est pas pire qu'un autre lycée.

Tu sens ça ? C'est de la tristesse que je ressens ! Joues le jeu !

Helfdane essaya d'être compatissant, il voulait se mettre Lucio dans la poche, tentant d'être philosophique, il prit un air triste :

Connaissant moi même les malheurs, je sais secourir les malheureux... Mais tu sais, il n'y a point de hasard : tout est épreuve, ou récompenses, ou punitions, ou prévoyances...

We are the champignons !

Ce monde est un putain de bordel, les forces du bien, du mal... La plupart des gens ignorent tout cela... Pour mieux y voir, il faut parfois faire l'ombre, car de l'ombre jaillit parfois la lumière ! J'ai perdu mes parents, ils sont morts quand j'étais tout petit, j'ai été recueillie par mon oncle, j'ai décidé de partir de chez lui, il n'a plus les moyens de s'occuper de moi, et puis je suis grand maintenant !

Tu mens très mal ...

Il y eut un instant de pause.

J'ai eu bien peu d'amis dans ma vie. Actuellement, je n'en ai pas. Les gens me dégoûtent en général, toujours prêts à te trahir alors qu'à la minute d'avant, ils étaient comme ta famille ... Je connais tout ça ... La solitude me pèse à présent... J'ai frôlé le suicide... J'aurai aimé trouver quelqu'un comme moi ...

Au moins tu ne le baratines pas !

Helfdane se dirigea lentement vers la fenêtre, il mit les mains dans son dos et observa le ciel, attendant la réaction de son colocataire...

Dans la plupart des cas, les gens n'ajoutaient pas grand chose en apprenant la situation. Mais étrangement, Helfdane se lança dans un monologue, sans bégayer, remarqua Lucio Maël. Avait il déjà pris confiance ? En tout cas, sa voix était mi-triste mi-compatissante. Le blond n'était pas sûr d'apprécier ; il ne voulait pas qu'on le prenne en pitié.

- Connaissant moi même les malheurs, je sais secourir les malheureux... Mais tu sais, il n'y a point de hasard : tout est épreuve, ou récompenses, ou punitions, ou prévoyances ... Ce monde est un putain de bordel, les forces du bien, du mal... La plupart des gens ignorent tout cela... Pour mieux y voir, il faut parfois faire l'ombre, car de l'ombre jaillit parfois la lumière ! J'ai perdu mes parents, ils sont morts quand j'étais tout petit, j'ai été recueillie par mon oncle, j'ai décidé de partir de chez lui, il n'a plus les moyens de s'occuper de moi, et puis je suis grand maintenant !

Là, le brun fit une petite pause. Lulu fixait toujours le plafond, essayant de comprendre ce que racontait son voisin. La logique du jeune homme était plutôt étrange. Et plus bizarre encore, pour quelle raison lui racontait il tout cela ? Pour un garçon qui avait semblé timide et réservé au premier abord, il parlait déjà beaucoup.

- J'ai eu bien peu d'amis dans ma vie. Actuellement, je n'en ai pas. Les gens me dégoûtent en général, toujours prêts à te trahir alors qu'à la minute d'avant, ils étaient comme ta famille ... Je connais tout ça ... La solitude me pèse à présent... J'ai frôlé le suicide... J'aurai aimé trouver quelqu'un comme moi ...

Helfdane rejoint alors la fenêtre et laissa son regard noir se perdre dans le ciel, mains croisées dans le dos. Lulu se demandait si il se moquait de lui, où s'il était sincère. En tout cas, sa réaction était étrange. Il décida de jouer la sécurité ; il était de toute façon hors de question qu'il dévoile son histoire. Il y avait des choses qu'il préférait oublier. Et plus vite il cesserait d'y penser, mieux ça serait.

Il dirigea ses yeux vert sur Helfdane, tout en se constituant un sourire compatissant. Il se leva tranquillement, et posa sa main sur l'épaule de son camarade. Il ne trouva rien à dire, et se contenta donc de le regarder intensément dans les yeux. Il serra son épaule, avant de laisser son bras retomber. D'un coup d'oeil, il consulta la pendule accrochée en face de la porte.

- On a un peu de temps avant le dîner. Je t'emmène visiter un peu ?

Le démon hocha la tête, et les deux jeunes quittèrent tranquillement leur chambre. Lucio lui montra les endroits important, tout en plaisantant. Il salua quelques personnes qu'il connaissait en passant. La journée s'acheva sans incident majeur. Après le repas, tous les élèves montèrent se coucher et s'endormirent très rapidement pour la plupart ; le voyage pour arriver jusqu'au pensionnat et la séparation avec les familles étaient éprouvantes même pour des jeunes gens de leurs âges.