Reflet Sinistre [ Pv Shin ]

Messages : 28 Date d'inscription : 05/12/2012

Le soleil déclinait peu à peu, le ciel si bleu quelques secondes auparavant, devint rouge sang. Ce mélange de couleurs chaudes, et à la fois agressives, transforma l'étendue céleste en une toile meurtrière. Je venais de quitter les dortoirs. La Nuit. J'allais enfin être dans mon élément. pendant que je me dirigeais furtivement derrière le pensionnat, je pouvais distinguer les silhouettes grelottantes des autres adolescents, se ruaient vers le réfectoire, ou au contraire, vers les bâtiments principaux, là où se trouvaient leur chambre. En quelques minutes, la cour devint presque déserte, et toutes les lumières étaient allumées. Sans un bruit, je marchais, d'un pas cadencé, mais silencieux vers l'Etang. Cet endroit inconnu par la plupart des lycéens, se trouvait dans un endroit où très peu de personnes passaient. Et bien sur, le directeur ne jugeait pas utile le fait de signaler à ses élèves la présence de cet endroit. Lors de mon arrivée, il me l'avait pourtant révélé . . . Une Ombre avait besoin de solitude et de calme. Surtout les Ombres meurtrières. Avant de mourir, mes victimes ne voyait de moi qu'une Ombre, celle de la Mort. Mais maintenant que l'on m'avait envoyé ici, mon rang d'assassin Noir, était couvert par celui de "Lycéenne sans histoire". Personne ne m'avait encore remarquée, je prenais soin de dissimuler ma présence, mon aura. Personne, mis à part cette hybride, trop enthousiaste à mon goût. J'aurais pu la tuer, mais je ne l'ai pas fait. L'odeur du sang, aurait attiré d'autres inconscients.

Le bruissement du vent à travers les feuilles m'indiqua que j'étais arrivée à destination. L'étendue d'eau transparent reflétait les couleurs pourpres du ciel. Je n'étais pas sortie avec mon manteau. Non . . . J'étais simplement vêtue de ma robe en laine mauve, de mon bandana autour du cou, ainsi que de mon collant noir, cachant mes stigmates. Mes longs cheveux ondulèrent lorsqu'une bourrasque un peu plus forte, vint claquer contre la cime des arbres. J'étais habituée aux températures très basses, ou à celles beaucoup plus élevées. La résistance aux éléments. Voilà ce qu'incluait l'entrainement que tous les Spectres avaient subis. Nous transformant en redoutables machines à tuer, endurcissant nos coeurs . . . De mon regard perçant, je fixais le ciel. La lune remplaça le soleil rougeoyant. L'obscurité gagna alors l'Etang, je sentis ma force grandir, comme à chaque nuit depuis ma naissance.

J'inspirais calmement, et m'assis sur l'unique banc. A présent, je concentrais mes sens sur ce qui m'entourait. J'écoutais attentivement tous les bruits, les sons, bien que presque inaudible. Mon odorat identifia toutes les senteurs. Je percevais chaque vibrations causées par un quelconque mouvement. Seuls mes yeux restaient fermés. Aiguiser mes sens. Plus qu'ils ne l'étaient déjà, tout en profitant de cette solitude qui m'avait accompagnée jusqu'ici. J'étais redevenue celle que j'étais. La Maitresse des ombres.

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Une brisé légère se faufila dans mes cheveux corbeaux, les faisant ondulés au gré du vent. L’air pur et son entourage, c’était là un effet bien relaxant. Loin de tout et isolé, je me créais un cocon dans lequel je m’enfermais égoïstement, laissant derrière moi ce monde pourrissant. Oui, c’était là l’état de notre monde actuel. Tout pourrissait, mourrait sous nos yeux mais, nous ne pouvions rien faire pour changer les choses, seulement les observer et rester spectateur. Le monde courait à sa perte. L’humanité était avide de pouvoir et détruisait tout ce qui l’empêcher d’acquérir ce qu’elle prétendait être le « savoir ». Les humains me répugnaient. Etant un loup, j’étais relié à la nature. Et la voir périr sous le poids des humains me donnait la nausée. Haïr. Tuer. Sang. Des pulsions de colère noire remontaient moi et mon corps bouillonnait. J’étais littéralement en ébullition et mon corps commençait à fumer. C’était mauvais, je ne devais surtout pas faire de crise dans ce pensionnat. Mon contrat le stipulait. Et pourtant, l’idée de péter les plombs me plaisait. Tant d’humains y perdraient la vie… Oui, quelle idée délicieuse. Néanmoins, avant de sombrer dans la folie, je décida de quitter l’enceinte du pensionnat. C’était mauvais de rester dans ce milieu infesté d’humain. Les choses pourraient mal tourner….

Je ne m’étais jamais aventurer librement dans le domaine et, je me rendais compte qu’il était bien plus vaste que je ne l’aurais cru. Et pourtant, malgré ses dimensions exorbitantes, je me sentais toujours comme un animal en cage. J’oubliais, je l’étais. Toutes ces chaines, ces règles et ces ordres, je n’en pouvais plus ! Qu’on me rende ma liberté, c’était tout ce que je demandais. Et pourtant, j’avais joué le rôle d’une vulgaire marchandise. Cette maudite femme qu’étais ma mère m’avait vendu. Moi, son propre fils… Jamais je ne lui pardonnerais. Ce jour-là, non seulement elle avait rompu nos liens mais elle m’avait aussi arraché ma liberté. La liberté… elle était pourtant la doctrine d’un loup. Et on m’en avait privé.

Sentant un flux de colère ressurgir, je m’éloigna discrètement des quelques regards pour prendre ma forme animal. C’était là ma vraie nature et où je me sentais le plus moi-même. Désireux de prendre mes distances avec ce monde, je me mis à courir. Courir si vite que j’en eu l’impression d’avoir des ailes. Pouvais-je voler ? Parfois je m’en sentais capable. C’était comme un semblant de liberté, je me sentais reprendre mes esprits à chacune de mes foulées. C’était un renouveau. Fougueux, sauvage, indomptable… c’était là le vrai Shin Mizuru que j’avais longuement perdu. Je ne savais même pas où mes pas me rendaient, je les suivais simplement. Finalement, ces derniers décidèrent de m’emmener à un étang. Vraiment, cet étang appartenait au pensionnat ? Il y avait vraiment des choses inexplicables ici. La nuit était tombée sans même que je m’en rende compte et l’Astre lunaire reflétait avec royauté sur la surface de l’eau. C’était beau.

Puis la réalité me sauta aux yeux. Chimère. Tout ceci n’était qu’irréel. J’avais effleuré un ressenti de liberté, jamais plus je ne l’atteindrais. Tout était devenu si fade à mes yeux. Redressant lentement le regard, j’affronta ma mère la Lune. Si impérieuse… Elle n’avait aucun maître, c’était elle la reine légitime des cieux. Merveilleuse qu’elle était. Laissant mon regard s’effondrer, j’affronta alors mon propre reflet. Sous forme de loup, mon pelage était aussi noir que la nuit, sans aucune fausse nuance. Un pelage lisse et brillant. Quand à mes yeux, il était toujours les mêmes. Argentées telle les lames, semblables à l’Astre lunaire. Ils en étaient son reflet à Elle.

Puis, le vent m’apporta une nouvelle odeur, autre que celle de cette verdure. Tournant immédiatement la tête à l’affût, j’identifia l’odeur comme étant celle d’un loup. Entre loup, il était difficile de se cacher. Et, l’inconnu était plus précisément une inconnue. Des cheveux de couleurs pourpres lui tombaient dans le dos. Je n’avais vu pareil chevelure. C’était unique et tout aussi beau. Mais au-delà de sa beauté, une ombre planait au-dessus d’elle. Non, cette fille était l’ombre en elle-même. Voilà un cas bien intéressant.

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Une respiration saccadée. J'ouvris les yeux. La première odeur qui me parvint fut celle d'un loup. Je songeais à me retrouver en compagnie d'un Blanc, et réfléchissais à quelle sort j'allais lui réserver. Car Oui. Je les haïssais. Eux qui étaient si inconscients, ceux qui ignoraient notre existence, celle de mes frères, de mon mentor, de mes géniteurs . . . Ceux qui agissaient sans réfléchir, et qui envoyaient de manière inconsidérée les Noires se faire tuer. La réfléxion qui m'avait suivi durant le début de ma vie, était celle-ci : " Tu penses comme un sang impur". A ceux qui avait prononcé ces mots, je les avais éliminé. Mon sang était noir, j'étais une Claw A, mais cela ne m'empêchait pas de penser autrement que comme mes pairs, ou plutôt que comme les Blancs. Lorsque j'identifiais cette nouvelle odeur, l'imprimant dans ma mémoire, je reconnus celle de la Mort, qui enveloppait l'individu. Cette odeur, je la sentais venir à chaque fois que je m'approchais de mes cibles. Habituée. J'y étais habituée . . . Mistral. La bourrasque fit claquer mes cheveux sombres. Il s'approchait. La Mort. Autrefois, il m'arrivait de me demander si je pourrais la faire mienne. Elle m'accompagnait presque partout. Presque . . . Car elle m'avait abandonnée ici, à ce pensionnat, au moment où je passais le seuil du portail.

Je me retournais, et dévisageais le canidé aux yeux qui réclamaient le sang et la vengeance. Corbeau, son pelage était de la même couleur que celui des corbeaux. Une forte pression tomba. Cette même pression qui terrorisait tous ceux qui m'approchait. La Terreur. Les Ténèbres. Les Ombres. Voilà ce qui me composait. J'inspirais la crainte, je le savais. La pupille de mon oeil visible, celui qui n'était pas caché par mes cheveux, se transforma en fente. Je l'identifiais, silencieusement. Allié ou ennemi ? Je m'en fichais. La seule chose qui me préoccupait, était sa présence. Je n'étais pas habituée à vivre avec d'autres personnes, et ce pensionnat grouillait de personne qui aurait mieux fait de ne pas croiser ma route. Je finis par fermer les yeux, et détourner mon regard du loup noir. Je me levais et m'approchais de l'Etang. S'il souhaitait approcher, à sa guise. tant qu'il ne me dérangeait pas. Tandis que j'essayais de l'oublier, je ne pouvais faire de même avec l'aura qu'il dégageait. La Mort. Une idée me vint, avais-je croisé la Mort en personne ? Non . . . Un léger sourire malicieux se dessina sur mes traits. Je ne pensais pas. Il ne me terrorisait pas, ne m'effrayait pas. Il était Noir. Voilà comment je l'aurais qualifié. Noir. Comme moi. Avait-il souffert autant que moi ? Je l'ignorais Intéressant. La Mort . . . L'Ombre . . . Appartenant au même camp. La lune se refléta dans l'étendue aqueuse. Je regardais, pensive l'astre Lunaire. Elle me redonnait la force nécessaire. Me rappelait bien des choses aussi. Je finis par lançais, d'une voix neutre, et énigmatique, lui faisant toujours dos :

Ne reste pas là. Approche, je ne vais pas te manger.

Il m'intriguait. La Mort m'intriguait. Curieuse ? Non, loin de là. Je souhaitais simplement savoir, sortir de cette bassesse. De toute cette banalité. Depuis mon arrivée, j'en avais assez de tout cela, de cet ennuis. Je souhaitais rendre mon séjour ici plus intéressant. Le Danger, et la Mort, c'était mon quotidien avant que je n'arrive ici. J'y étais habituée, je vivais en continue avec ces deux êtres. Je finis par laisser mon esprit s'évader, en regardant la lune argentée. Me souvenant de mes frères, Wimber, et Fedor. Je me rendis compte qu'ils me manquaient. J'aurais aimé qu'ils soient avec moi . . . la seule chose que je ne regrettais pas, c'était l'environnement. Là, je n'avais pas à craindre les territoires hostiles . . .

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Un terrible secret semblait rôder autour de cette fille. Elle m'intriguait. C'était plutôt rare à vrai dire qu'une personne attire mon attention. Mais d'une certaine façon, elle me fascinait par sa noirceur. Les ténèbres étaient siens et une aura démoniaque englobait de son corps. Qui était-elle ? Je me le demandais bien. Un fait des plus intriguant chez cette jeune fille était aussi son œil caché. Pour certaine personne, cela aurait pu paraître comme un simple effet de style mais, cela aurait paru trop facile. Non, il y avait quelque chose de plus. Quelque chose de terriblement noir. Immobile, j'observais la lycanthrope sans un mot. Tel un dialogue de sourd. Finalement, cette dernière se rapprocha de la surface de l'eau, faisant ondulé ses cheveux à chacun de ses pas. Sa démarche était comme hypnotisant. Oui, cette fille dégageait quelque chose. Une chose qui m'intriguait et même m'intéressait.

Se posant délicatement sur le vent, sa voix pleine de mystère m'interpella. Sa remarque m'amusa, elle, me manger ? Qu'elle fasse attention, je pouvais m'avérer être un grand méchant loup. Très méchant même. Je ne m'étais pas encore décidé si j'allais ou non la rejoindre. Cette fille semblait être l'amie de la mort. Mais, ne l'étais-je pas moi aussi ? Nous avions donc un ami en commun. Pivotant vers ma droite, je m'avança lentement vers la fille. Je n'avais toujours pas quitté ma forme de loup. A quoi bon, elle était elle-même lycanthrope. Mes pattes se posaient délicatement au sol laissant des traces de pattes fraîches sur la terre humidifié par l'eau de l'étang. Arrivant finalement aux abords de la jeune fille, je m'installa non loin d'elle et fit face à l'étendue d'eau.

Je ne la connaissais guère et pourtant, je pouvais sans aucun mal assurer qu'elle était une tueuse. Il était facile pour un meurtrier d'en reconnaître un autre. Et son regard ne pouvait tromper personne. Nous avions tous diverses raisons de tuer. Je me demandais quelle était la sienne.

« Et pourtant je te mangerais bien. »

Allez savoir pourquoi ces mots avaient franchis le seuil de ma gorge. Il faut vous avouez que je disais bien souvent des choses déplacés. Mais sortir de tels propos à une personne possédant une aura aussi meurtrière était suicidaire. Et pourtant, je l'avais fait. Redirigeant mon regard dans l'eau, j'y croisa le reflet de celui de la fille. Ma déclaration n'était pas sérieuse, je ne comptais pas m'en prendre à elle. Je n'avais aucune raison de le faire. Simplement, elle était une très belle femme. Mes paroles n'étaient qu'une plaisanterie bien qu'au fond, je n'aurais pas été contre goûter à cette fille. Ne me blâmez pas, c'était de sa faute à elle. Sil elle s'était rendu inintéressante, il y aurait bien longtemps que j'aurais fait demi-tour. Mais non, cette louve avait décidé de m'intriguer et d'éveiller ma curiosité. Qu'elle en assume les conséquences.

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Il finit par s'approcher, j'entendis ses pattes, marquer leur empreinte dans la terre meuble qui entourait l'étang. Il s'assit à côté de moi, ni trop loin, ni trop près. Mes jambes étaient repliées contre mon torse, je ne détournais pas mon regard de l'astre lunaire. Son aura meurtrière aura fait frémir plus d'un, mais pas moi. Cette sensation, terrifiante pour les Blancs, était agréable pour les Noirs. Elle nous rappelait à quel camp nous appartenions, ce pour quoi nous nous battions, ceux que nous protégions. Autant de raisons, qui nous poussent à éliminer certains personnes,certains êtres, ennemis. Au fil des années, cette sensation s'avérait être apaisante, car les assassins ne sentaient en paix, que lorsqu'ils se savaient en présence d'un des leurs . . . Ou de la mort.

« Et pourtant je te mangerais bien. »

Sa voix résonna dans ma tête, je la mémorisais. Sa réponse me fit rire intérieurement. Je fermais les yeux, et laissais échapper un sourire amusé. Décidément, il était bien étrange. De quoi rendre ma vie dans ce pensionnat plus palpitante. Bonne nouvelle de la journée. Lorsque je rouvris les yeux, ce fut pour contempler le ciel sombre, parsemé d'étoiles. Ici, elles semblaient si proches, j'eus presque l'impression de pouvoir les saisir. Jamais je n'aurais cru cela possible, cette sensation de liberté était faussée. Je le savais pertinemment . . . J'étais retenue prisonnière de cette endroit, comme un chien qui avait accomplie sa tâche et que l'on renfermait dans une cellule crasseuse, isolée, mais dont les murs étaient transparents pour lui laisser croire qu'il était libre. Pitoyable. J'étais enfermée dans uns serre immense, peuplée d'un peu de tout mais cela ne parvenait pas à me faire oublier la véritable raison de ma présence ici. Ce n'était pas pour tuer. Ni pour récolter des informations sur nos ennemis. Non. C'était pour m'éloigner des miens, me déboussoler ? Surement. Une arme. J'étais une arme, c'est vrai. Un fauve que l'on affame avant de le libérer directement sur sa cible, pour être sur qu'il la déchiquette, pour qu'il n'en reste plus rien. Mais je n'étais certainement pas comme cela. On ne perturbe pas une Ombre. Une Ombre reste stoïque, elle analyse, attend patiemment, et frappe. Elle ne se laisse pas manipuler aussi facilement. Ces Claws, tout autant qu'ils étaient, Blancs, peu importait leur nom et leur nombre, je lais haïssais. Ils ne se salissaient jamais les mains, et ne pleuraient que leurs alliés Blancs. Les Noirs n'avaient pas droit à des funérailles aussi pompeuses. Ils mourraient dignement, en protégeant les autres, à leur manière. Laissant derrière eux leur famille . . . Et leur soif de vengeance. Jamais nous n'étions gratifié pour tous nos sacrifices. J'en avais assez de tout cela.

Je me demandais quel était le passé de ce loup noir. Lui qui portait le masque de la Mort. Je repensais à sa réponse. Elle m'amusait toujours. Sur le même ton, neutre, accompagné d'un sourire presque effacé, je lui répondis au tac ou tac, sans pour autant détourner mon regard du ciel, et plus particulièrement de la Lune :

Essaye un peu pour voir . . . Si tu me révèles ton nom, je ferais de même.

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Au moins elle n'avait pas l'air de le prendre mal puisque ma réponse la fit sourire. Qui aurait cru qu'une ombre puisse sourire ? Et pourtant, ça lui allait bien. Comme si l'espace d'un instant, elle était plus accessible au monde qui l'entourait. En l'observant davantage, j'en vins à penser à cette classification chez les lycanthropes. Oui bien sûr comme chez toutes les races surnaturelles, il y avait les sang-purs et les impurs et tout ce qui suivait mais chez les loup-garous, ce n'était pas tout. Derrière ces distinctions honorifiques, il y en avait une autre. Une plus importante. Celle des Blancs et des Noirs. En autre ceux qui vivent sous la lumière et ceux qui côtoient l'obscurité. Pas besoin de vous préciser que j'appartiens aux Noirs, vous vous en doutez bien. Tout comme cette fille. Tout chez elle m'indique qu'elle est une Noire. On ne choisissait pas d'être Blanc ou Noir, nous le devenions dès la naissance. Je me demandais ce que devait être la vie d'un Blanc. Sûrement ennuyeuse à mourir. Mes « maîtres » étaient des Blancs. Et leur quotidien m'exaspérait. Même pas foutu d'assurer leur défense eux-mêmes si bien qu'ils en embauchaient d'autres pour le faire à leur place. Ou bien à l'occurrence, en achetaient... Se charger de l'administration ou faire des réunions qui pouvaient durer des heures, non merci. La vie d'un Noir bien qu'imbiber de noirceur était bien plus palpitante . Nous apprenions à vivre avec la mort et parfois même, parvenions à la dompter.

Puis répondant au vif, la louve me mit au défi. Vraiment ? Mieux valait-il éviter de me tester, je pouvais être un vrai démon. Mais il était notable que malgré sa noirceur, elle gardait un sens de l'humour. Souriant à mon tour, je l'accompagnais dans sa contemplation de la Lune. Certains humains étaient croyants et idolâtrer un certain Dieu. Parfois même d'autres créatures non humaines. Je ne faisais pas partie de ces gens là. Mes à yeux, si une Déesse devait bel et bien exister alors, ce serait la Lune. Personne n'égalait sa beauté et sa présence sans pareil. Certaines personnes pouvaient se demander qui était Dieu. Et bien moi je leur répondrais que quand on ferme les yeux et qu'on désire quelque chose très fort et bien Dieu, c'est le mec qui n'en a rien à foutre. Après si vous parlez à Dieu et bien, vous êtes croyants. Mais s'il vous répond, c'est que vous êtes schyzo. Car la vérité est que Dieu n'en a rien à foutre de vous. Il veux être aimer mais, ne fait rien pour ceux qui l'aiment. Ne trouvez-vous pas cela égoïste ? C'est pour ça que moi j'aime la Lune et que je déclara ouvertement que s'il devait y avoir une Déesse sur Terre alors ce serait elle. Car la Lune nous a répondu à nous, lycanthropes. C'est elle qui a transformé nos ancêtres en loup. Elle a toujours veillé sur nous et ce, sans relâche. Voilà pourquoi j'aime tant la Lune.

Ce fut la première fois qu'elle parla autant. Je m'attendais à ce qu'elle se stoppa après sa provocation mais non, elle continua. Sur le même ton neutre, elle me demanda mon nom. Tiens donc, s'intéressait-elle à moi ? C'était étrange venant d'une personne comme elle. Mais pas déplaisant. Après tout, je m'intéressais bien à elle. La façon dont elle évoquait la chose m'amusa. Comme si c'était un terrible secret. Elle avait une façon de procédé particulière mais qui me plaisait. Oui, elle était définitivement intéressante.

« Révéler mon identité à une fille telle que toi... Cela me semble dangereux. Mais, j'aime prendre des risques. » commençais-je un ton amusé.

On m'avait souvent répété que j'avais une attitude provocante et cela exaspérer bien des personnes et particulièrement mes maîtres. Mais si cela les emmerdait autant, je n'avais aucune raison d'arrêter. Et puis, c'était dans mon caractère voilà tout. Je n'avais pas toujours été comme cela. A vrai dire, ce caractéristique était apparu après que ma mère m'ait vendu aux Blancs. Une haine grandissante avait consumé mon corps et mon âme dès ce jour. Mais d'une certaine façon, cette attitude canalisait ma colère. Un faux-provocateur enjoué.

« Shin Mizuru. »

Déclarais-je finalement de façon monotone. Je m'abstiens d'ajouter ce fameux « Wolf-Guard ». J'en avais pourtant pris l'habitude mais, pas ici. Ce n'était pas utile. Dans ce pensionnant, je n'étais rien d'autre que Shin. Mais en dehors, c'était tout une autre histoire et ce n'était certainement pas le moment d'y songer. Retournant mon attention sur la jeune fille, je m'interrogeais sur sa propre identité. Je désirais connaître son nom, en apprendre plus sur elle.

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Le froid. Ce n'était pas la fraicheur du soi, dont les Humains étaient habitués. Il s'agissait du froid. Le froid provoqué par les Vents, par la Lune. Ce froid qui transit les membres, gèle tout sur son passage. Ce froid redoutable dont j'étais accoutumée dès ma naissance. Je ne ressentais plus le froid. Seuls certains facteurs m'indiquaient que la température avait chuté . . . Des rougeurs sur ma peau, à peine perceptibles, ou encore la buée qui s'échappait de ma bouche lorsque je respirais. La chaleur, en revanche, je pouvais encore la sentir, très peu, mais je n'avais pas totalement perdu la sensation qu'elle procurait. En cet instant, je ressentais de la chaleur parcourir mon corps. Depuis combien de temps cela ne m'était pas arrivé ? Depuis la dernière fois où j'ai fait couler le sang. Le liquide vitale parvenait à me faire réagir, tout comme l'eau fraîche m'apaisait. Ces petits plaisirs qui peuvent sembler quotidien ne le sont pas pour moi. Ni pour mes Frères. L'ombre de la Mort plane sur nous, à chaque instant de notre vie, nous sommes susceptibles de rendre l'âme, et de rejoindre le Rakuen. Les anciennes légendes racontent qu'il s'agirait d'un paradis où ceux qui ont le plus soufferts trouvent la paix. Une Légende . . . peu y croyait. Et encore moins la connaissait. Je croyais en peu de chose sur cette terre, la sachant contaminée par la corruption et a décadence. Mon ancien maitre disait souvent : " Il n'y a que le Noir pur des Ténèbres qui délivreront cette planète". Les paroles d'un fou, me diriez-vous. Mais Hades n'était pas fou. En un sens il avait raison, trop de lumière tuait la Lumière. Mais nous ne sommes que des Lycanthropes, nous ne pouvons changer le flux céleste qui dirige ce monde. En revanche, nous pouvons l'influencer. Oui . . . Nous en étions capables, autrefois. Mais plus maintenant . . .

« Révéler mon identité à une fille telle que toi... Cela me semble dangereux. Mais, j'aime prendre des risques. »

Le Danger attirait les êtres Obscurs. Ceux, qui d'après les Blancs, devaient être éliminés pour purifier la terre mère. Ce ne sont pas eux qui bénéficient le plus de la bienveillance de l'astre lunaire, quoiqu'ils en disent. Elle veille sur ceux qui sont les plus proches d'elle, ceux qui vivent dans les Ténèbres, dans les Ombres. Je faisais partie de cette Ombre, j'en étais moi même une. A la naissance, on nous donnez un Nom. Mais l'on nous connaissez souvent sous un autre qualificatif, ce qui révélait l'être que nous étions, aussi profondément endormi qu'il soit. Avec le temps, on finissait par ce faire aspirer par cet autre Nom, en oubliant parfois le premier que l'on nous avait donné. Ou l'on ne le révélait qu'à des personnes de confiance, car un nom, aussi simple soit il, pouvait devenir une arme. Mon père l'avait bien compris . . .

« Shin Mizuru. »

Violate Von Loneliness.

Solitude. J'étais Violate de l'Etoile Céleste de la Solitude, née pour être seule, et régner sur les Ombres. Mes frères m'appelaient parfois Lacie. Une joli prénom, que je méritais peut-être pas de porter . . . La seule chose que pouvait voir mes victimes, était mon Ombre, grandissante, dessinant des ailes Sombres dans le ciel, ce qui m'avait aussi valu ce surnom " Ange des Ténèbres". A ma connaissance, peu d'anges manipulaient les Ombres. Leur Dieu, s'il éxistait, préférait la Lumière . . . J'avais terminé. Je savais ce que je devais savoir sur la Mort, sur Shin. Mémorisant ce nom, que j'espérais entendre très bientôt. De plus, j'avais épuisé mon cotât de paroles. Une Ombre ne devait pas autant parler. Je laissais à présent le silence apaisant tomber sur nos deux êtres. Reportant mon regard profond sur le ciel, maculé d'étoiles. La seule chose qui me liait à mes frères, était ce ciel . . . tel un fil invisible.

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Violate Von Loneliness. C'était un beau nom, quoique un peu long. Pour ma part, il y avait bien longtemps que j'avais abandonné mon nom de naissance, celui de ma mère. Afin de cesser tout lien avec elle, j'en avais été jusqu'à changé de nom et prendre celui de mon père. Pourquoi lui alors que je l'avais tué de mes propres mains ? C'était quelque peu étrange. D'une certaine façon, je gardais ainsi un lien avec lui. Je ne l'avais jamais connu. Notre première rencontre fut aussi la dernière, lorsque mes mains extirpèrent son cœur encore palpitant de sa poitrine. J'avais tué mon père, de sang-froid. Mais à ce moment là, j'ignorais notre lien de parenté. Je ne l'ai su qu'après. Ma mère... Cette femme m'avait envoyé tué l'homme qu'elle avait aimé, incapable de remplir la besogne elle-même, laissant ma conscience en payer la lourde conséquence. Je la haïssais pour ça, je la haïssais pour m'avoir utilisé comme un outil. Cette femme méprisable... En rentrant à notre demeure, ma colère avait été telle que je m'étais transformé en véritable démon. Mon corps était en fusion et de la lave s'était mise à couler de mon corps. Détruire, tout détruire. Tuer. Cette nuit là, j'aurais probablement tué ma mère. Mais Elle m'avait stoppé dans ma fureur, m'empêchant de commettre l'irréparable. Si Elle n'avait été là, personne ne serait sortie vivant de ma fureur. Le château avait été réduit en cendre et bien des personnes étaient mortes cette nuit là. Suite à cela, ma mère m'avait vendu à des Blancs, m'éloignant d'elle au plus possible. Elle redoutait ma colère noire. Je sombra alors dans une folie pure. J'étais devenu comme fou, sauvage, tuant quiconque tentait de m'approcher. Bien qu'effrayé par ma force, mes « maîtres » décidèrent de faire de moi un Wolf-Guard. Mon apprivoisement dura longuement mais, n'aboutis jamais. Ces derniers ne sachant plus comment faire opérèrent finalement au chantage. Alors que je La croyais morte, on m'apprit qu'Elle vivait toujours. Mais, pour qu'Elle puisse continuer à goûter à la vie, je devais devenir ce qu'on attendait de moi. C'était une torture, je ne pouvais m'y résoudre mais, Sa vie était trop précieuse. Abattu, je céda alors finalement et devint ce Wolf-Guard tant attendu.

Ces dernières pensées avaient fait augmenter la température de corps qui était facilement sujet de mes saute d'humeur. Reprenant mes esprits et quittant les abîmes du passé, je souffla longuement et me vida l'esprit, faisant fuir ces horreurs du passé. Mon corps retrouva alors une température normale ou du moins, pour un lycanthrope. Mon pelage vibra silencieusement au gré du vent. C'était agréable cette caresse de la brise. Alexander Kormákur Halldór Laxness . C'était là mon vrai nom, celui que j'avais abandonné depuis maintenant trois années. J'étais devenu un autre. J'étais devenu Shin Mizuru, le Wolf-Guard impitoyable.

« Pourquoi sembles-tu si triste ? »

Sans même la regarder, j'avais senti l'aura émanant de Violate. Bien qu'éprise par la noirceur, elle semblait aussi caché une part de tristesse en elle. Sa vie n'avait pas du être rose, tout comme la mienne. Quelle pouvait bien être son histoire ? Un fardeau semblait peser sur ses frêles épaules. J'avais presque envie de l'attirer contre mon pelage et lui prêter ma force pour apaiser son esprit.

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Sans que je ne puisse l'expliquer, je sentis la température ambiante se réchauffer autour du Loup Noir. Je pensais que nous allions en rester là. Après tout, je n'avais jamais vraiment attirer l'attention des autres. J'étais transparente aux yeux des étrangers, de ceux qui n'étaient pas capables de discerner le Blanc du Noir. Ceux qui voyaient le monde tel qu'il était, de l'extérieur, sans le voir de l'intérieur. J'étais bien trop discrète, et je n'aimais pas tellement me faire remarquer . . . Une Ombre se doit d'être furtive, après tout, elle n'est qu'Ombre. Dans ce monde, elle n'était pas visible par tout le monde, par le premier venu . . . Non, pour la voir, il fallait la chercher, discerner le moindre de ses mouvements, la moindre de ses palpitations. J'étais Ombre, toute entière. J'étais oubliée. Et parfois haïe, car je n'étais pas ce à quoi les gens s'attendaient. En réalité, je pense que j'étais incomprise. Oui . . . Surement. Loin de mes frères, je ne trouvais pas le repos que j'attendais. Nous étions liés par le sang aux Ombres, c'est surement la raison pour laquelle ils me comprenaient si bien, et que je les comprenais, moi aussi.

« Pourquoi sembles-tu si triste ? »

J'avais l'air triste ? J'ignorais que ce sentiment pouvait encore se lire sur mon visage. Moi qui étais devenue insensible à bon nombre de chose. Je cherchais silencieusement la réponse à cette question. La séparation avec mes frères. Ce n'était pas la première fois qu'on m'envoyait loin d'eux, et durant une durée indéterminée. Les réactions de mes parents avant mon départ ? Il y avait peu de chance. Ils ne m'avaient jamais accordé beaucoup d'importance jusqu'à maintenant. Ils ne venaient que rarement nous voir, mes frères et moi lorsque nous n'étions que des enfants. Je sentais encore les bras de ma Mère m’enlacer pour la première fois, et je pus lire sur son visage tout l'amour qu'elle ne m'avait pas accordé, et qu'elle regrettait cela. Mais je n'étais pas aussi sentimentale que cela tout de même. Non, j'étais bien plus dure . . . Je finis par trouver la réponse à cette question, et tout en regardant la Lune, posant mon regard sur Shin, je répondis, neutre :

Je pense, que c'est parce qu'on m'a enfermé ici de force . . . dans cette prison dorée . . .

Je m'aperçus qu'il y avait une pointe de colère à peine perceptible dans ma voix. L'emprisonnement . . . J'étais maintenue prisonnière de ce pensionnat. Que je le veuille ou non. Ce à quoi j'aspirais, était la liberté. Enfermer un loup, c'est le condamner à mort. Ceux qui avaient décidé d'être ici, était heureux. Mais pas ceux qui n'avaient pas le choix, ceux qu'on avait contraint à faire un choix terrible. J'étais dans un cage . . . Je savais qu'un jour où l'autre, je me précipiterais sur les barreaux métalliques de cette prison pour en sortir, chaque jour je redoublerais de force, de hargne pour retrouver ma liberté. Et qu'avec le temps, mes os finiraient pas se briser, m'empêchant de me relever. Mais une fois guérie, je me relèverais pour tenter de nouveau ma chance. La Détermination. Voilà ce qui m'animait. Tant que je n'aurais pas obtenu les informations nécessaires pour sortir de cet endroit, arracher le collier qu'on m'avait mis autour du cou, je resterais tranquille, glanant par et par là ces informations si précieuses. Qu'ils profitent de mon calme, et de la sérénité apportée, jusqu'à ce que je déchaine ma rage . . .

Je finis par chasser ce désir de revanche de mon esprit. Pour le moment, je devais me comporter, comme un gentils chien, que je n'étais évidemment pas . . . Je posais définitivement mon regard de braise sur Shin, et après quelques secondes, je lui demandais :

Toi aussi . . . tu souffres n'est ce pas ?

Sa température corporelle avait augmentée, quelques minutes auparavant. Je l'avais senti . . . Des pensées sombres, ou des fantômes de ses souvenirs avaient dûs lui revenir en mémoire. La Souffrance. Il était Noir. J'étais Noire. Nous partagions un point commun ensemble, cette souffrance qui a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui. Nous avons besoin de prendre notre revanche sur la vie . . . Même si pour le moment, nous n'en étions pas capables, enchaînés, tels des monstres, tapis dans les ténèbres, en attendant les ordres . . .

Invité

Une pointe de colère à peine perceptible logeait dans sa voix et en tant que prétendant à la colère, je n'avais eu aucun mal à la discerner. Enfermé, envoyé ici par la force, privé de liberté... Oui, elle était comme moi. Nous étions... semblables. Cette réalité en était presque douloureux. Je me demandais à quel point Violate avait souffert elle aussi, si elle avait du laisser des êtres chers derrière elle. Jusqu'à quel point avait-elle souffert, jusqu'à quel point me ressemblait-elle ? Ce pensionnat me donnait la nausée, je me sentais humilier, rabaisser à la condition d'un chien domestique. Ça me donnait une fois de plus l'envie d'hurler ma rage, de montrer au monde comme ma haine était forte. De laisser ma haine s'exprimer. Mais, cela ne ferait que répéter l'histoire et j'en avais assez. Coulant un regard vers Violate, je plongea silencieusement mon regard dans le sien. Je n'avais jamais vu d'yeux comme les siens. Ils étaient uniques et d'une beauté sans égale. Cette louve... oui, elle m'intéressait. Mais pas de la même manière que toutes ces autres filles que j'avais pu rencontré dans ce pensionnat. Non, Violate était différente. Si j'en avais après les filles du pensionnat que pour leur chair et les plaisirs qu'elle pouvait m'apporter, Violate n'entrait dans aucune de ses catégories. Elle avait crée une nouvelle section propre à elle-même. Mais qui était-elle bon sang ? Jamais personne n'avait autant attiser ma attention. Je voulais en savoir plus sur elle, partagé du temps sa compagnie et je voulais la voir sourire. Pourquoi ? Je l'ignorais mais c'était ainsi.

Si ces regards avaient été hésitants, la loup-garou posa pour de bon son regard sur moi. Mais, sa question me laissa en total dépourvu. Souffrir... J'aurais pu être étonné qu'elle ait lu aussi facilement en moi mais finalement non. Elle aussi souffrait, il était donc aisé pour elle de reconnaître une personne qui était dans la même position. La vie ne nous avait pas fait de cadeau et cela se voyait. Nous pouvions lire certaine chose l'un comme chez l'autre sans même échangé des paroles. La similitude de notre condition en était la cause.

« Tous nous souffrons de nos jours, c'est indéniable. Toi, moi et il y en a sûrement bien d'autres. »

Notre souffrance mutuelle nous avait conduit l'un à l'autre. Je ressentais un certain intérêt à l'égard de Violate. J'ignorais ce fait c'était produit mais, elle avait su attirer mon attention et me captiver. Troublant. C'en était à un point où je voulais tout savoir d'elle, tout savoir pour que cet intérêt soudain disparaisse enfin. Fixant sans aucune gêne l'adolescente, c'était comme si j'essayais de lire son histoire. Mais, l'obscurité m'empêchait de lire les lignes. Sombre, si sombre.

« Comment...tu t'es retrouvée ici ? »

Autant lui demander directement, cela serait plus simple. Enfin, encore faudrait-il qu'elle accepte de me conter son passé. Ce n'était pas quelque chose de facile après tout. Mais qui sait, peut-être accepterait-elle. Car si elle me donnait les clés de son passé, peut-être pourrais-je lui donner les clés du mien ? Ce serait alors une échange équitable.

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La Liberté. Un droit légitime. Sauf lorsqu'on vous l'arrache de force et qu'on vous enferme, vous considérant uniquement comme étant des "armes". Cette soif de liberté, était intarissable. Elle semblait si proche, je pouvais l'effleurer, mais ce n'était qu'une illusion. Au final, nous restions sous leur joug. les révoltes étaient nombreuses, mais le nombre, lui n'y était pas. Ils avaient toujours l'avantage. D'après mon Père, nous devions attendre, sommeiller, et nous réveiller au bon moment pour faire entendre notre voix. Réveiller notre rage, notre colère. J'étais belliqueuse, je le reconnais. Le nier, serait me mentir, et me trahir. Mais guerroyer inutilement, et n'importe comment, était un acte de stupidité. Voilà pourquoi j'étais impliquée dans tout cela. J'étais une stratège, hors pair selon Fedor. Cependant, je restais néanmoins un simple pion. Un chien enchainé. Si ma loyauté devait aller à quelqu'un, ce serait, à l'exception de ma famille, à Hadès. Il savait ce qu'il faisait, et il partageait nos peines et nos souffrances. Shin m'affirma que nous souffrions tous. Nous n'étions pas les seuls, c'est vrai, mais les degrés de souffrances étaient différents. Ce qui comptait, était ce que nous étions devenus et ce que nous deviendrons plus tard. Notre passé, et nos souffrances n'étaient qu'une étape de la vie.

« Comment...tu t'es retrouvée ici ? »

Comment j'avais atterri dans ce pensionnat, si loin de ma terre natale. Je le savais, mais pour le moment, je préférais ne rien dire. Pourtant, je me refusais de mentir à Shin. Il m'intriguait, sans que je ne sache pourquoi, je me sentais attirée par lui . . . Pourquoi ? j'aurais bien aimé le savoir. Mais c'était impossible, on ne pouvez totalement répondre à cette question. L'Ombre passait bien entre nous deux. Il avait son regard rivé sur moi, je le sentais qui commençait à percer ma carapace, il me réchauffait. Une sensation fort agréable. Je lui répondis simplement :

Quand on n'a plus besoin d'une arme, on la laisse de côté jusqu'à ce qu'elle serve de nouveau . . .

Je croisais mes bras, puis les étirais, avant de soupirer et d'ajouter :

Je te retourne la même question, Shin

Invité

Elle me répondit d’une façon si nonchalante que cela paraissait presque anodin. Comme si… comme si elle voulait faire croire que c’était là un fait normal. Mais je n’étais pas sot et j’avais bien saisi la métaphore. Une arme devenue inutile était mise de côté, elle n’était pas nécessaire à son propriétaire. Ou du moins, jusqu’à ce que je ce dernier soit en état de nécessité. Il lui suffisait alors de claquer des doigts et l’arme revenait à ses côtés, le servant fidèlement. C’était là le but d’une arme. Servir jusqu’à la fin son maitre, endurer chaque souffrance en silence et mourir dans un souffle discret. Une vie dans l’ombre en somme. C’était là le but et le destin d’une arme.

Et Violate était cette arme.

C’était étrange mais son histoire me rappelait la mienne. Nous étions tous deux des pions placés sur un échiquier et nos maîtres nous déplacés selon leur envie. Envoyé au front durant de longue années pour servir nous avions finalement été rappelée et mis de côté, notre utilité ayant pris fin. Mais, nous n’étions pas pour autant exclus du plateau de jeu, non. Nous étions comme entreposé, attendant le moment fatidique où sera prononcé notre rappel, sonnant notre retour dans le jeu. Et oubliant alors ces années passés dans la pénombre, nous servirons docilement notre maître, nous déplaçant et tuant au gré de ses envies. La vie était un plateau d’échec et nous, êtres vivants, nous en étions les pions.

Des pions sur cet échiquier qu’était la vie.

Je n’aurais pas pensé un jour croisé le regard de quelqu’un dont la vie me serait si familière. Mais, il était fou de prétendre être le seul dans cette condition. Nous étions si nombreux à être étranglé par ce collier clouté, enchainer au pied notre maître. La vie d’un loup-garou était bien résumée, il était Blanc ou Noir. Cette simple distinction suffisait à vous dévoiler sa vie. Un loup Blanc était un noble, un riche qui vivait dans le luxe sans se soucier de ce qu’il se passait en dehors des murs de son domaine. Il vivait tranquillement sa vie de petite bourge à la con, pensant être immortel et dominer le monde. Il se sentait fort et invincible. Il écrivait les lois, dicter les règles et comploter contre ceux qu’il appelait « ses frères ». Le Blanc était fourbe et malsain. S’il prétendait être apte au pouvoir, il n’en était pas pour autant digne ni même capable. Trop apeuré à l’idée d’arracher lui-même un cœur, il employait d’autre à le faire. Ces autres là, c’était nous, les Noirs. Nous vivions dissimulés dans les ténèbres. Notre vie était faite dans le sang, c’était là notre quotidien. Assassin, bourreau, meurtrier, nous portions tant de nom différent. Mais le fait était là, nous faisions ce que eux, les Blancs, n’avaient pas la capacité à faire. Nous remplissions leur travail dans l’obscurité. Alors que c’était les Noirs qui se salissaient les mains, les Blancs étaient ceux qui en tirer les mérites. Quand tout cela avait-il commencé ? Et pourquoi ? Je l’ignorais mais le fait était là. Comme on naissait Blanc, on naissait Noir.

Les Blancs étaient inatteignable mais tous à moment donné pouvait être damné à devenir Noir.

J’avais moi-même était damné. Mais ma famille l’avait su dès ma naissance, j’étais né pour être Noir. Simplement, j’étais né de la mauvaise mère. Ma mère était une Blanche, une pure. Mais, ce n’était pas le cas de mon père qui était un Noir. Vous rendez-vous compte de la chose ? Une Blanche qui en enfanté d’un Noir. Un véritable scandale. Ainsi, la grossesse de ma mère fut dissimulée. Je suis né dans l’ombre. Je suis né bâtard. Je n’ai jamais connu mon père, j’ai grandis dans le domaine de ma mère et de sa famille. Tous savaient qui j’étais mais personne n’osait le clamé haut et fort, redoutant la colère de ma mère qui était alors crainte malgré le fait qu’elle mise au monde. Etais-je Blanc ? Etais-je Noir ? Je l’ignorais à vrai dire mais le fait était là, je n’avais jamais été officiellement présenté comme étant son fils. Elle m’assurait pourtant qu’elle m’aimait. Et sot que j’étais je le croyais. Le temps passa et la noirceur me gagna. Ma mère voyait bien ce que je devenais et pourtant, elle ne fit rien. Ce fut d’elle que je reçu mon premier assassinat.

Si mon statut social n’était pas encore écrit, ce fut ma propre mère qui m’envoyé dans chez les Noirs.

Dès ce jour, je fus alors reconnu comme un Noir. La suite, vous la connaissez. J’ai continué mon existence en tant que Noir bien que je continuais de résider dans le palais. Oui, ma mère n'était autre que la Reine d'Island. Suis-je un prince ? Non, je suis un bâtard. Bien que je le pourrais, je me refusais de prétendre à la succession de ma mère. Un Noir souverain c’était du jamais vu. Seul les Blancs étaient exposés de pareille manière. Pas les Noirs. Pour en revenir à mon ascension chez les Noirs, j’en étais devenu un. Mais, le fait que je demeurais chez les Blancs restait un mystère. Peut-être qu’au fond avait un réel attachement pour moi.

Quoiqu’il en soit, ma mère m’a maudit le jour où j’ai tenté de la tuer.

Suite à cela, elle m’a vendu et je suis arrivé chez une famille de Blanc. Ces derniers m’engagèrent en tant qu’assassin mais très vite, ils eurent peur de moi. Si bien que je passa de Blanc en Blanc et ma mère finit par perdre ma trace. J’arriva finalement chez les Vanderwooghen. Eux aussi prirent peur de ma force monstrueuse mais, ils furent plus ingénieux que les autres. Suite à leur torture puis leur chantage, je devins ce qu’ils attendaient de moi.

Ce jour-là, je devins un Wolf-Guard.

Posant le regard sur Violate, je l’entendis me retourner la question. Mon passé… il était tel que je l’avais décris. Mais, ce n’était que pur folie que de lui conter cela. Un résumé suffirait amplement. Mais, dans la subtilité, c’était là tout un art. Souriant faussement à la lycanthrope d’un air effacé, je lui répondis d’un air las :

« Dans mon histoire, l’arme a été éloignée une fois jugé trop dangereuse. Son créateur a pris peur de sa propre création, n’est-ce pas ironique en un sens ? »

C’était là suffisant. Tout comme elle ne m’avait pas tout dit, je n’avais pas à tout lui révéle de mon passé. Nous nous connaissions à peine à près tout. Mais, peut-être était-ce justement le fait que nous étions des inconnus qui nous encourager à nous livrer de cette façon. Quoique inconnu… Après de telle révélation, c’était dur de se considérer comme tel. Des connaissances seraient peut-être un terme plus approprié. Violate était donc une connaissance. Une connaissance avec un charme considérable.

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« Dans mon histoire, l’arme a été éloignée une fois jugé trop dangereuse. Son créateur a pris peur de sa propre création, n’est-ce pas ironique en un sens ? »

Je serrais les dents, sans le montrer. Tous autant qu'ils étaient, ils désiraient le pouvoir, la force, la domination. Ils étaient prêts à user des moyens inconnus et interdits pour arriver à leur fin. Mais lorsqu'ils parvenaient à posséder l'arme qui allait les propulser, ils se mirent à la craindre, à la renier, à la rejeter, l'abandonnant à son sort. Un sort noir, triste, et cruel. Voilà l'origine des tous premiers Noirs, dont l'âme était brisée, la souffrance bien présente, les remords dominants, et la soif de vengeance surmontant toutes ces émotions. D'après les Trois Juges Principaux de ma Terre natale, c'est ainsi qu'Hades naquit. Autrefois, il portait un autre nom, mais il fut brisé, comme un miroir, comme lorsque l'on laisse tomber un verre en glace sur le sol. Il se fracasse sur la pierre froide, et si sa douleur était suffisamment forte, certains éclats de verre touchait celui qui avait précipité sa chute. Ce jour là, lorsque celui qui avait eut besoin d'Hades décida qu'il n'était définitivement plus utile, il tenta de le briser. Mais il échoua. L'âme de mon Maitre était belle et bien brisée à jamais, mais pas son esprit, ni son corps. Il avait transcendait sa douleur, et son âme avait prit un nouveau départ. C'était pour nous éviter d'être brisé à notre tour qu'il nous avait élevé au manoir. Enfin, que le Manoir était devenu notre foyer, celui des Spectres d'Inferno, Car c'est ainsi que l'on nous connait dans le monde Blanc, le Gris, et bien sur le Noir. Les missions que nous recevions, étaient données par Hades en personne, et si d'aventure, un Blanc avait besoin d'un Noir pour effectuer un travail salissant, il soumettait sa demande à notre Maitre, qui donnait au non son accord, avant de confier ladite mission à l'un de ses Spectres. Je lui répondis, neutre, un léger sourire sur le visage :

C'est vrai. A vouloir jouer avec le feu, ils finissent par se brûler . . .

Je lançais ma tête en arrière, scrutant la toison argentée, cherchant la constellation de la solitude, celle qui était liée à mon surplis, laissé à Inferno, bien rangé dans ma chambre, près de la salle d'arme. On disait que le Béhémoth était une créature destructrice, et qui apportait le chaos et la désolation. Hum . . . enfin, d'après les autres religions. Je finis par m'étirer, faisant rouler mes muscles, dissimulés par mes vêtements. Durant une seconde, mes stigmates ne furent plus cachés par mes manches, dévoilant des marques noires, sur mes mains et mes épaules. Mais mon oeil droit, lui était toujours caché par ma chevelure mauve foncée. Les étoiles disparaissaient une à une; tandis que d'autres brillaient de plus en plus. Je posais de nouveau mon regard intense sur Shin, le loup Noir. Un jour peut-être, je le rencontrerais sous ma forme canine. Forme que je ne prenais, uniquement lorsque je me sentais Libre . . . Ma venue au pensionnat, avait eu un point positif, ma rencontre avec le Loup Noir, Shin . . .

Invité

Elle sous forme humaine et moi sous forme animale. Nous représentions là les deux aspects d’un loup-garou. Comme les deux faces d’une pièce. Mais il en existait une troisième, une forme caché en autre. Sûrement l’aspect le plus terrifiant d’un lycanthrope. Celui de l’humanoïde. Mi-homme et mi-loup. Pour ma part, je ne m’étais que rarement transformé sous cet aspect, n’aimant pas faire les choses à moitié. Mais, il était indéniable que c’était là la forme la plus puissante d’un lycanthrope. Elle mêlait la vitesse du loup, sa combativité, la force des deux aspects et la mobilité de l’homme. Mais, ce n’était définitivement pas ma forme favorite. En présence d’humain ou dans des lieux fréquentés, je n’utilisais que ma forme humaine. Mais, lors de mes moments de solitudes ou bien en compagnie d’autre lycanthrope comme l’instant présent, je me laissais aller à ma véritable nature. Je m’y sentais plus libre. Je me sentais moi-même, loin des artifices. Il n’y avait pas à se mentir, j’étais un loup. C’était donc sous ma forme animale que mon bien-être se développait le plus. Et Violate alors, pourquoi était-elle sous forme humaine ? Peut-être aimait-elle cela tout simplement. Ou bien… ne sentait-elle pas assez libre dans cet environnement. Violate avait besoin de se sentir libre pour se transformer en loup. Moi, c’était le fait d’être loup qui me faisait sentir libre.

Ce n’est qu’en étant nous même qu’on sent libre.

De son ton toujours aussi nonchalant, Violate éleva de nouveau la voix. A croire qu’elle ne savait faire que ça, parlé de façon monotone. C’était aussi une question d’habitude, la gaieté ne devait pas faire parti de son quotidien. C’était ainsi pour bien des Noirs. Mais, attristé de n’utiliser qu’une voix neutre révélant la nonchalance de ma vie, j’avais entrepris d’y amener de la gaieté, malgré le fait que le cœur n’y étais pas. Je me donnais l’impression d’être heureux alors que je ne l’étais pas. C’était stupide et sans intérêt mais, en laissant croire au monde qui vous entourer que vous aviez atteint le bonheur, ce dernier vous fichez la paix. C’était une échappatoire de facilité. Je simulais le bonheur. Mais, que pouvais-je faire d’autre ? Jamais plus je ne connaîtrais le bonheur, c’était certain. Si mon corps était toujours là, mon âme quand à elle avait été brisée depuis bien longtemps. Survivre, voilà tout. Se donner la mort était pour les lâches et jamais je ne basculerais de ce côté-ci de la balance. C’était trop facile. Et puis, Elle était toujours vivante et m’attendait quelque part.

Je devais pour Elle, pour Olja.

D’aussi loin que je me souvienne, Olja avait toujours été là pour moi. Elle était cette lumière incandescente dans les ténèbres qu’étaient ma vie. Ma nourrice, ma sœur, mon amie, je l’aimais plus que tout. Renié par tous, j’étais délaissé et privé de l’amour d’une mère. Je n’étais pas comme eux, je n’étais pas Blanc. Et cette simple distinction faisait toute la différence. J’étais un bâtard, l’héritier Noir. Tous me haïssaient pour ce que j’étais. Bien que ma mère m’aimait, elle ne pouvait se laisser aller à des marques d’affections. Cela ne la rendrait que plus indigne. Il lui fallait regagner ses sujets et cela, à mes dépends. Elle avait choisi ses devoirs de Reine à celui de mère. C’est alors qu’Olja est venu à moi. Sa peau était d’une rare blancheur, ses yeux aussi bleus que le ciel d’été et ses cheveux blonds comme le blé prêt à être ramassé. Olja était mon ange. Elle m’apporta l’amour qui m’avait été enlevé, mer berça de nombreuse fois au creux de ses bras, me chanta de douce berceuse quand je le lui demandais. Olja était tout pour moi. Mais ça, ma mère le comprit bien vite.

Si elle était mon salut, elle était aussi ma perte.

Bien que son choix avait été de me délaisser pour son titre de Reine, ma reine jalouse vilement mon amour débordant pour Olja. Elle tenta même de la faire tuer. Ce que j’empêcha. Ce fut la première fois où la colère prit possession de mon corps et où le loup domina l’homme. J’avais éventré sans retenu les agresseurs d’Olja. Suite à cela, ma mère se mit à croire qu’utiliser Olja pourrait me rendre plus fort. Elle ne survécut que dans cet unique but, me rendre plus fort. Mais Olja était brillante, elle savait ce que tramait ma mère. Et pourtant, elle ne se dressa jamais contre moi. Olja n’était ni Blanche ni Noire. Elle n’était pas. Elle se laissait appelée le fantôme et me confia ne vivre que pour moi. Et moi je vivais alors que pour Olja.

Mais nous finissons par nous éveiller de notre rêve, aussi beau qu’il fut.

La nuit de l’assassinat de mon père boulversa tout. Je rentra comme possédé au palais, n’ayant que pour but de tuer ma mère. Je massacra bien des vies ce jour-là. J’aurais pris aussi celle de ma mère si Olja ne m’avait pas empêché de commettre un tel crime. Bien qu’avec le temps j’ai compris qu’Olja ne s’était interposé que pour me protéger, ce ne fut pas la première pensée qui me traversa l’esprit cette nuit-là. Elle m’avait trahie, voilà ce que j’avais pensé. Préférant ma mère à moi, elle s’était sournoisement jouée de moi. Tous ces mots, tous ces sourires… Ce n’était que chimère ! Laissant néanmoins la vie sauve à ma mère, je perdis mon âme et mon le restant de mon cœur cette nuit-là. La trahison d’Olja m’avait anéanti. Je n’ai plus aucun souvenir de ce qui suivi. Je me réveilla simplement le lendemain, enchaîné dans un cachot. On me garda emprisonner pendant onze jours puis ma mère vint finalement me voir. Une longue cicatrice ornait son œil gauche. Mon œuvre. Elle m’apprit que j’avais tué la plupart de ses sujets lors de ma folie dont Olja. Olja… je l’avais tué.

Le seul être qui avait su entré dans mon cœur avait péri de mes mains.

Suite à cela, je fus vendu pour finalement me retrouver les Vanderwooghen après bien des passages chez divers Blancs. Mes maîtres voulaient faire de moi un Wolf-Guard. Plutôt mourir que devenir un de ces chiens soumis, opérant dans l’ombre et assassinant sans compter. Mais, cette pensée quitta très vite mon esprit lorsque le Maître m’apprit qu’Olja était vivante. Mais que si je continuais à préférer la mort, elle me suivrait dans ma chute. Etait-elle réellement vivante ? Ma mère m’avait pourtant apprit qu’elle était morte, que je l’avais tué. Je ne savais qui croire. Mais l’idée qu’Olja était peut-être encore vivante me donnait une nouvelle lueur d’espoir. Vivre, vivre pour elle. Elle est l’unique pensée qui me raccroche à la vie.

« Nous ne sommes que des pions dans tout cela. Nous finirons tous pas mourir un jour ou l’autre. Certains disent que l’on peut choisir l’heure de notre mort mais, c’est faux. Cependant, nous pouvons décider comment aller à sa rencontre. »

Pivotant légèrement le regard vers Violate, je surpris néanmoins un léger sourire sur son visage. Vraiment, cette fille était capable de sourire ? C’en était presque amusant. Elle était pourtant si froide, inaccessible et voilà qu’elle se mettait à sourire. C’était comme un halo de lumière. Son sourire était faible, il ne reflétait pas le bonheur mais à partir de cet extrait, je tenta de m’imaginer le visage souriant Violate. Cependant sans succès. A quoi pouvait-il bien ressembler ?

« Tu devrais sourire Violate. Une femme est bien plus belle lorsqu’elle sourit. »

Sans doute mon impulsivité. Il m’arrivait bien souvent de parler sans même réfléchir à la gêne que pourrait procurer mes paroles. Mais j’étais ainsi voilà tout. Lorsque j’avais quelque chose à dire, je le disais. Je ne parlais pas pour rien. Et puis, ce n’était pas là un tissu de mensonge. Sourire, c’était prétendre au bonheur. Un sourire pouvait combler bien des choses. Le sourire d’Olja avait le don de guérir tout mes maux. Mais qu’en était-il maintenant, m’attendait-elle encore ? Pensait-elle à moi aussi souvent que je pensais à elle ? Oh ma Lune, ma très chère Lune, murmure à Olja que je ne vis que pour la retrouver car sans elle tout le reste n’est que poussière.

Messages : 28 Date d'inscription : 05/12/2012

« Nous ne sommes que des pions dans tout cela. Nous finirons tous pas mourir un jour ou l’autre. Certains disent que l’on peut choisir l’heure de notre mort mais, c’est faux. Cependant, nous pouvons décider comment aller à sa rencontre. »

Je fermais les yeux. Il avait raison. Ma Vieille amie m'avait tendu la main plusieurs fois, me proposant de la rejoindre, ailleurs, de me libérer de ces chaines, de ces souffrances, mais aussi de laisser les miens derrière moi. Ce fut pour cette unique raison que je la repoussais, gentiment, car je savais, que si je mourrais pendant l'une de mes missions, mes proches ne retrouveraient jamais mon corps. On se débarrasse plutôt rapidement des Spectres, encore plus rapidement que lorsqu'ils sont vivants. De véritables catastrophes lâchées dans la nature étaient souvent de mauvais présages. Un Spectre était un tueur aguerris. Habitué au sang. Nous provoquons la mort des autres, rapidement, selon les exécuteurs, ou dans la torture . . . C'était Wimber. Oui, mon frère tout craché. Ce qui me faisait penser, que l'enveloppe qu'il m'avait remise était toujours dans ma poche. Je la lirais plus tard, mais je ne devais pas non plus retarder cette échéance. Si les Blancs n'étaient pas au courant qu'un Spectre d'Inferno était venu jusqu'ici, c'était qu'Hades avait jugeait bon de ne pas les mettre au courant. Et si au plus grand des hasards, mon frère venait à rencontrer des Blancs sur sa route, je plaignais les pauvres bougres . . . Il ne leur laisserait aucunes chances, les abandonnant à leur sort, après les avoir sauvagement torturés . . . J'espérais simplement qu'il éviterait de laisser le sang frais sur la chaussée, comme la dernière fois.

Notre dernière mission remontait à l'an dernier, l'une de nos missions "en famille". Les trois héritiers des Ombres. Fedor, Wimber, et moi . . . Nous devions nous introduire dans une demeure, habitée par un haut dignitaire vampirique. Pour cela, nous étions passés par les souterrains, reliant deux bâtiments à celui de notre cible. Wimber nous avait guidé jusqu'au corridor. Nous avions rejoints la future victime, et d'un coup bien placé, il gisait sur le tapis violet de sa chambre. En revanche, la sortie s'était compliquée. Nous étions tombés sur une poignée de gardes . . . En un éclair, Fedor et moi nous étions occupé de ceux qui se précipitaient sur nous. Ce qui ne fut pas le cas de Wimber . . . Il en avait profité pour torturer les deux gardes qui s'étaient rués sur lui. Ils ne tinrent pas longtemps et notre frère eut vite fait d'abréger leur souffrance commune. Laissant toute l'allée inondée de sang, avec quelques lambeaux de chairs collés au mur et au plafond. Cette affaire avait fait beaucoup de vague chez les Vampires, mais malgré toutes les enquêtes, qui furent menées, aucunes d'entre elles ne remontèrent jusqu'à nous, jusqu'à Inferno. On ne peut retrouver les Ombres.

« Tu devrais sourire Violate. Une femme est bien plus belle lorsqu’elle sourit. »

Sourire. Mes sourires sincères étaient rares. Tout simplement car je devais avoir une raison de sourire. Peut-être en étais je encore capable, de sourire inconsciemment ? D'oublier mes problèmes, et de faire comme si rien de tout ce qui s'était passé n'était jamais arrivé ? Non, j'en doutais fort. Cependant je pouvais essayer . . . Finalement, Shin ressemblait à Fedor. Aussi calme, froid, et énigmatique. Mais tout comme lui, il suffisait de briser la carapace pour découvrir le Véritable Fedor. Je me demandais ce qui se cachait derrière la carapace de Shin . . . Je finis par sourire, amusée, et ajoutais, d'une voix douce :

Tu me rappelle mon Frère . . .

La Nostalgie de ma famille, de mes camarades d'entrainements, de Pandore aussi, elle me faisait confiance, et m'avait demandé, alors que je venais à peine de recevoir mon armure et mon titre, de veiller sur notre Maitre, en restant cachée dans son Ombre. Tout cela me manquait. Même les blagues stupides de Wimber et les parties d'échec avec Fedor . . .

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Continuellement perdue dans ses pensées elle aussi, Violate semblait hantée par son passé. Ainsi pensive, le regard perdu dans le vide, elle me rappelait Olja. Elle aussi avait cette manie de perdre son esprit, s’aventurant dans des contrées lointaines qui m’était inconnue. Où partait-elle, quel était son secret ? Olja parvint à tenir un bon moment avant de céder et de me conter son histoire. Elle était elle aussi une lycanthrope, fait que je connaissais déjà. Mais, j’ignorais qu’Olja avait été humaine autrefois. Jusqu’au jour où elle avait été mordue par un jeune noble, épris de sa beauté et souhaitant la faire sienne. Chose qu’Olja refusa, son cœur étant pris et une bague qui allait bientôt prendre possession de son doigt. Olja était heureuse en humaine, elle ne souhaitait pas changer sa vie. Mais Baltasar ne l’entendait pas de cette façon. Il massacra la famille d’Olja, réduisit en cendre sa ferme et éventra son fiancé sous ses yeux horrifié. Après ce carnage, il mordit Olja, la damnant à devenir une louve. Sous la tristesse qu’elle ressentait, elle ne parvint pas à contrôler ses pouvoirs et tua Baltasar, vengeant ainsi sa famille et son fiancé mort. Suite à cela, Olja se retrouva à errer dans les contrées d’Islande. Du moins, jusqu’à ce que je la rencontre. Lors d’une chasse royale, je suis tombée sur Olja sous sa forme animale, blessé dans la forêt. Ce sang pourpre reversé sur sa fourrure blanche comme la neige lui donnait une apparence divine. J’étais alors âgé de sept ans et Olja de quinze. Son regard bleuté parcouru mon corps de frisson inconnus et je ramena alors avec moi, suppliant ma mère de la garder. A grand étonnement, cette dernière accepta et chargea Olja de ma garde, faisant d’elle ma nourrice.

C’est ainsi que le loup noir rencontra la blanche colombe.

Dans un premier temps, je pris soin d’Olja, pensant ses blessures et la veillant de jour comme de nuit. Mon affection pour elle ne faisait que croître, elle m’émerveillait. Puis après deux semaines de soins, Olja fut complètement de ses blessures. Et elle commença alors la tâche que lui avait confiée ma mère en la laissant vivre, celle de prendre soin de moi. Olja était distante avec moi, elle ne croisait jamais mon regard et baisser continuellement les yeux, comme si elle était effrayé par quelque chose. Il me fallut luter pour m’attirer les grâces d’Olja. Mais, jamais je n’oublierais son premier sourire. Ce sourire empli de chaleur, sincère et rayonnant telle une flamme ardente. J’avais enfin réussi à faire tomber sa barrière de glace. Dès lors, une grande complicité s’installa entre nous.

Bien qu’elle n’avait pas d’aile, Olja était mon ange.

Avant Olja, j’étais persuadé d’être un monstre, que je n’avais pas le droit de vivre. Je croyais au parole prononcer sur mon passage, j’étais une erreur, ma naissance était un blasphème. Mais les tendres paroles d’Olja me donnèrent une autre perception des choses. Elle m’ordonna de ne plus jamais croire à ces mensonges. Ce fut l’unique fois où Olja se risqua à me donner un ordre malgré mon statut. Mais, c’était aussi pour ça que je la chérissais. Olja était comme ma seconde mère, ma sœur, ma nourrice, mon amie… Elle représentait tout c que j’avais de plus cher au monde. Si tous me tournaient le dos, elle était la seule à me tendre les bras. Un halo de lumière et de chaleur.

Elle était mon paradis dans cet enfer.

Tournant la tête vers Violate, je découvris alors un sourire amusé sur son joli visage. Enfin un sourire. Ce n’était certes pas un sourire empli de véritable joie mais, c’était un début. Ce qui me surpris encore plus, ce fut le chant de Violate qui se mêla à l’air. Sa voix était si douce. Fini le ton neutre, impartial, j’avais enfin le droit à un supplément. Cette amélioration du côté de Violate me fit sourire. Je progressais. Doucement certes mais, cela était encourageant. Elle me déclara alors que je lui rappelais son frère. Je lui répondis d’abord par un sourire. Si c’était la pensée de son frère qui était à l’origine de ce sourire et de cette voix si douce, je me sentais flatté. Comme nous tous, Violate possédait quelque chose de cher à son cœur ou plutôt quelqu’un. Si dans mon cœur régnait Olja en maître absolu, dans celui de Violate régnait son frère. Après un petit silence, je lui demanda d’un timbre paisible, mêlant ma voix au souffle du vent :

« Comment est-il ? »

Sous-entendant que je parlais de son frère. De quoi pouvais-je bien parler sinon ? Je me demandais ce que cela faisait d’avoir un frère ou bien une sœur. J’étais fils unique. Enfin du moins, je l’étais encore la dernière fois que j’avais fréquenté le palais. Qui sait, peut-être qu’un héritier était né entre-temps. C’était fort possible. Et puis ainsi, les hauts dirigeants d’Islande me foutraient la paix pour de bon. Sans autre descendant, j’étais susceptible de prendre la suite de ma mère malgré le fait que j’étais un bâtard. Illégitime ou non, je devrais monter sur le trône si aucun enfant légitime ne faisait son apparition. Et honnêtement, cela me faisait bien chier. Je n’avais aucune envie de diriger un pays et prendre le succession de ma mère, m’obligeant ainsi à retourner en Islande et refréquenter le palais ainsi que la noblesse Islandaise. Quoique… en devenant roi, je serais débarrassé de mon statut de Wolf-Guard, je retrouvais ma liberté –enfin en y repensant, devenir roi condamnerais aussi ce côté-là de ma vie- je pourrais tuer sans aucune gêne mes maîtres, me venger de tous et récupérer Olja. Oui, il y avait des pouvoirs plaisants à saisir. Mais, bien des désavantages s’y trouver aussi.

Messages : 28 Date d'inscription : 05/12/2012

Je me souvenais d'un jour, où le ciel était écarlate, fait naturel, et habituel à Inferno. Lors d'un entrainement aux abords de la "5°prison". Mes frères et moi, nous courrions ensemble, nous devions atteindre les porte de la Judeca avant les autres apprentis. Pour le moment, nous étions en tête, usant de ruses et malices pour devancer nos camarades d'entrainements. A l'époque, nous prenions encore plaisir à nous entrainer sur ces terres hostiles, elles représentaient notre terrain de jeu. Wimber menait notre petit groupuscule, Fedor et moi à ses talons. A chaque fois que nous apercevions un autre groupe d'apprentis, Wimber les provoquaient, et se ruaient sur eux, les envoyant temporairement dans les bras de Morphée . . . Une fois nos concurrents écartés, nous finîmes par voir les murs de la Judeca, aussi appelé le "Mur des lamentations". Mais juste avant que nous n'arrivions au point donné, nous fûmes à notre tour, embarqué dans une embuscade. La surprise y était, et le nombre aussi. Mais cela ne nous découragea pas, nous nous battirent les uns contre les autres, blessés. L'étendard à brandir était si près, mais j'avais été blessée à la jambe, m'empêchant alors de me mouvoir. J'avais demandé à mes frères de continuer sans moi, qu'il fallait absolument atteindre la Judeca. Mais ils ne l'entendirent pas de cette oreille, et Wimber me porta sur son dos. Jamais aucuns des deux ne me laissa, comme je le les ai jamais laissé. Si nous devions aller de l'avant, c'était ensemble que nous le ferions.

Cela remontait à pas mal de temps. Mes mains n'étaient pas encore tâchées de sang, et le peud 'attention accordé par nos parents ne me faisait pas souffrir. Après tout, nous étions né sans rien, et il nous a fallu acquérir ce que nous avions à l'époque. L'expérience, le savoir, la maitrise, la connaissance, la rigueur et la précision. Oui, la vie n'était pas rose, elle était rouge et noire. Mais elle nous convenait à tous. Hades nous donnait le choix : soit nous restions et nous devenions Spectres, soit nous partions ailleurs pour vivre une vie meilleure. Jusqu'à maintenant, personne ne partit d'Inferno. C'était notre foyer, notre chez nous. A moi, à Wimber, à Fedor, à mes parents, et à mes camarades.

« Comment est-il ? »

Wimber avait une personnalité complexe, du moins, elle l'était autant que la mienne, ainsi que celle de Fedor. D'une voix douce, et tout en fixant la lune, je lui répondis :

Il est fou . . .

Bien sur, je n'allais pas m'arrêter à cela. Bien que cet unique mot le définissait parfaitement. Et oui, Wimber était tout le contraire de Fedor, je ne me souviens même pas l'avoir déjà vu verser une seule larme. Enfin, si, mais c'était il y avait bien longtemps. J'ajoutais :

C'est une tête brûlée dure à cuir, énigmatique et protecteur. Mais avant tout, il est doux et froid à la fois . . .

Je me retins d'ajouter, qu'il faisait passer les autres avant lui même. La première fois qu'on voyait Wimber, on le trouvait provoquant et insupportable. Mais lorsqu'on le connaissait bien, il était tout sauf "méchant". Non . . . Il avait dans son regard, cette petite flamme de douceur, il était protecteur. Et bien qu'il soit légèrement rebelle, lorsqu'il était mal, il regardait pensif, la lune. Comme le faisait Shin en ce moment même. j ne pouvais résumer son caractère, il était bien trop complexe, pour le connaitre il fallait lui parler directement.

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Fou, voici l’unique mot qu’elle utilisa pour me décrire son frère. Ne venait-elle pas de m’associer à ce dernier ? Je crois bien que oui. Violate me considérait donc indirectement comme un fou, c’était une chose intéressante à apprendre. Personnellement, je ne m’étais jamais considéré comme un fou. M’étais-je voilé la face durant tout ce temps ? C’en était presque inquiétant. En y repensant, Olja m’avait déjà qualifié par ce terme mais, j’avais toujours pris cela pour une plaisanterie. Comme la fois où son chapeau s’était envolé suite à une bourrasque de vent pour finalement finir sa course folle au sommet d’un arbre. Bien que je lui aie proposé d’aller le lui chercher, Olja avait décliné, déclarant que ce chapeau ne justifiait pas un tel acte. Mais, c’était uniquement par politesse et pour ne pas me déranger qu’Olja avait décliné. Je la connaissais bien, c’était typique de son caractère. Toujours se soucier des autres avant elle et faire passer leur bonheur avant le sien. Mais, je ne l’entendais pas de cette façon. Si bien que malgré le refus d’Olja, j’avais grimpé jusqu’au sommet de cet arbre pourtant bien haut pour y déloger son chapeau. Dans ma précipitation, je m’étais ouvert l’arcade et le genou suite à cette montée mais rien d‘important. Tout les supplices du monde m’étaient égaux du moment que je pouvais voir Olja sourire. Et ce même sourire qu’elle m’offrit lorsqu’elle découvrit ce que je tenais dans ma main suffit à faire s’envoler tous mes maux. C’est alors à ce moment qu’Olja déclara que j’étais fou mais, cela m’avait fait rire. Elle m’avait alors serré tendrement dans ses bras puis m’avait pris la main tout en remettant son chapeau sur beaux cheveux d’or. Olja possédait une grâce naturelle innée. Que ce soit dans sa voix emplie de charme, ses beaux yeux reflétant le ciel d’été… Tout chez Olja inspirait l’admiration.

Mais quelque chose n’allait pas, trop de souvenirs d’Olja remontaient à la surface, c’était mauvais. Je ne m’étais pas interdis de me les remémorer mais, je ne pouvais me le permettre lorsque j’étais accompagné. Certains souvenirs provoquaient de mauvaises réactions chez moi et cela pouvait mal tourner. J’ignorais pourquoi mais la présence de Violate faisait ressurgir tout en tas de souvenir de mon passé, c’en était presque perturbant. Pourquoi choisissaient-ils ce moment pour revenir me hanté ? Mon sommeil en serait probablement perturbé dans les prochains jours. Retenant un soupir, je redressa mon regard lupin vers la Lune, fière reine des cieux nocturnes. Sa beauté était inégalable. Souriant presque tristement, je laissa le vent m’apportait les douces paroles de Violate. Il était indéniable qu’elle aimait son frère et que le simple fait de parler de lui l’envahissait de souvenir. Peut-être étaient-ils séparés depuis un certain temps. Je ne pouvais que supposer ce que pouvait être la vie de Violate, ignorant que trop de fait sur son histoire pour pouvoir me lancer dans une énonciation de fait. Dur à cuire avec une tête brûlée, m’associait-elle réellement à cette image ? Je n’étais pas spécialement quelqu’un de têtu, je défendais mes idées avec la conviction nécessaire sans plus y forcer. De plus, je gardais souvent mes idées pour moi-même, ne dévoilant que très peu des brins de ma pensée. La louve continua de lister quelques traits de caractère de son frère qui furent énigmatique et protecteur. Je m’y retrouvais déjà plus. Enigmatique… ce n’était pas vraiment à moi de le dire. Mais comme tous les loups, je protégeais avec rage ce qui m’était cher au cœur si ce n’était la fois où j’avais échoué, laissant Olja à la merci de je-ne-sais-quels-ennemis. Mais je la retrouverais, c’était certain. Et dès qu’elle sera de nouveau à mes côtés, je ne la laisserai plus jamais seule.

Les paroles de Violate s’achevèrent sur une sorte de conclusion de l’être qu’était son frère, quelqu’un de froid et doux à la fois. Oui, un cœur pouvait palpiter même sous une armure d’acier. « Ton frère doit être quelqu’un de vraiment très intéressant. » répondis-je finalement dans un petit soupir amusé.

La lune était à son apogée et gouvernait avec prestance sur le monde nocturne. C’était tout simplement incroyable. On se sentait si petit comparée à elle et pourtant, elle nous faisait nous sentir plus grand. Nous nous gorgions de force de sa splendeur. La lune était notre mère à tous. Un vent léger vint se glisser entre mes longs poils ébène. Quittant l’astre lunaire du regard, je croisa les pupilles violacées de Violate à laquelle j’offris un faible sourire, empli par les souvenirs du passé.

« Tu me rappelle aussi quelqu’un Violate. »

Sur ces mots, je me redressa et me tint le buste droit avant de pousser un long hurlement, faisant appel à la lune. C’était rauque, puissant, royal. Un hurlement digne d’un prince d’Islande. Sur ces notes retentissantes, j’aspira une grande bouffée d’air, je ne pouvais m’empêcher d’hurler à la pleine lune, sans doute était-ce là un point commun entre tous les lycanthropes. La lune nous poussait à agir de la sorte. Je me sentais désormais plus léger. Rabaissant de nouveau mon regard vers Violate, je lui déclara : « Au plaisir de te revoir Violate de l’Etoile Solitaire. » Elle ne s’était pourtant pas présentée sous ce nom mais, je l’avais senti. Lui adressant un dernier regard qu’elle se plairait à décrire comme énigmatique, je me fondis dans l’obscurité, mettant ainsi fin à cette rencontre.

Violate Von Loneliness était une personne intéressante, vraiment très intéressante. Aussi Noir que moi, elle avait su me captiver et me délier la langue sur divers évènements de ma vie. Une aura de solitude intense l’englobait et je me surprenais à vouloir tout faire pour la percer. Elle m’intriguait, dans le bon sens du terme. Je voulais la revoir. De toute manière, nos chemins seraient sûrement amenés à se recroiser. Après tout entre pensionnaire du même pensionnat, ce serait un véritable coup des Cieux si nos chemins ne venaient pas à se rencontrer de nouveau. Et si c’était le cas alors, je forcerais le destin. J’avais la nette intention de revoir cette louve. Tiens donc, serais-je quelqu’un d’entêté ? Non, disons simplement que j’avais certains objectifs et que j’avais tendances à les accomplir de façon satisfaisante.

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» Shin Mizuru
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